La libération sexuelle et le suicide racial

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Discours donné au dîner de The Occidental Quarterly le 30 octobre 2008 à Atlanta, en Géorgie.

Qu’est-ce que la « libération sexuelle » ? C’est un sujet habituellement discuté en contraste avec les contraintes du mariage et de la vie familiale. Cela semble être un mode de vie dans lequel les gens ont plus de choix que sous le système traditionnel de monogamie. La « philosophie Playboy » de Hugh Hefner semblait offrir aux hommes plus de choix que de coucher avec la même femme tous les soirs pendant 50 ans. Le féminisme promit aux femmes de les libérer des « corvées domestiques » et de transformer le mariage et la maternité comme de simples choix parmi différents modes de vie.

D’un autre côté, il a toujours eu un élément de libre arbitre, même en ce qui a trait au mariage : on peut choisir si et jusqu’à un certain point qui on épousera. En effet, le mariage est peut-être le meilleur exemple d’un choix de vie capital. Mais dans la vision traditionnelle, on ne peut pas faire un choix et toujours l’avoir. Au moment où quelqu’un fait ses vœux et entre au couvent, de facto il n’a plus de choix. En d’autres mots, le mariage est un allez simple sans possibilité de remboursement. Votre femme est votre choix et ce, même si elle vous déplaît éventuellement d’une façon quelconque, ce qui est inévitable. Garder vos options ouvertes à jamais s’appelle le « célibat ».

Ultimement, l’idéal de la libération sexuelle repose sur une confusion philosophique que je nommerais l’absolutisme du choix. L’illusion est que la société pourrait nous permettre de choisir sans diminuer nos options futures. La contraception, l’avortement, la banalisation du sexe et de l’homosexualité, ainsi que le divorce unilatéral et arbitraire nous ont tous été vendus comme des façons d’avoir davantage de choix.

Maintenant, je suis d’accord pour donner aux gens tous les choix qu’ils peuvent prendre. Mais il faut être prudent avec ce que cela veut dire : l’analyse nous révélera que le terme « choix » a des sens distincts et partiellement contradictoires qui ne peuvent s’appliquer de façon égale à tous les contextes. En d’autres mots, le choix n’est pas une seule et unique chose qui peut être appliquée à l’infini sans conséquence ; l’apparence d’un plus grand choix dans un domaine peut réduire les possibilités dans un autre.

Une façon parfaitement légitime de choisir est de faire ce qu’on désire. Lorsqu’on nous demande de choisir une sorte de crème glacée, tout ce qu’on décide c’est quelle saveur sera la plus plaisante à ce moment. C’est parce que l’alternative du chocolat ou de la fraise n’implique pas de conséquences profondes à long terme. Mais tous les choix ne peuvent être comme celui-là.

Considérons par exemple le choix de vocation d’un jeune homme. Un des charmes de la jeunesse est que c’est un moment où les possibilités dépassent la réalité. On peut devenir un neurochirurgien, un alpiniste, un poète, un homme d’État ou un moine. C’est naturel et sain pour les garçons de rêver à toutes les choses qu’ils pourraient devenir, mais de tels rêves peuvent nourrir une dangereuse illusion : celle que, alors que tout est encore possible, tout sera toujours possible. C’est seulement vrai dans le cas de choses anodines sans conséquence. Il est possible de goûter aux trente-et-une saveurs de Baskin-Robbins en trente-et-un jours consécutifs. Mais il est impossible de devenir un neurochirurgien, un alpiniste, un poète, un homme d’État ET un moine. Un homme qui essaiera ne fera qu’échouer dans toutes ses tentatives.

La raison est bien entendu que les projets importants demandent beaucoup de temps et de dévouement, mais les hommes qui les entreprennent sont mortels. Pour chaque possibilité que nous réalisons, il y en a toujours une centaine que nous devons abandonner ; parce que pour chaque sentier que nous empruntons, il y en a cent auxquels nous devons renoncer. Le besoin de choix dans ce sens est ce qui donne à la vie humaine tout son sérieux. Ceux qui naviguent d’une chose à l’autre, incapables de se décider ou de finir ce qu’ils ont commencé, nous démontrent qu’ils ne comprennent pas une vérité essentielle de la condition humaine. Ils sont comme des enfants qui refusent de vieillir.

Maintenant, les choix sexuels, particulièrement pour les femmes, sont semblables à ceux d’un homme en ce qui concerne sa vocation. Ils ne peuvent donc être aussi faciles et réversibles que de choisir une saveur de crème glacée. C’est ce que la libération sexuelle tente de faire. Les buts sous-jacents semblent justement être la peur de faire un choix difficile et un désir de les éliminer. Par exemple, une femme n’a pas à penser aux qualifications d’un homme pour être le père de ses enfants si une pilule ou une procédure médicale de routine peut enlever cette possibilité. Il n’y a pas de raison de bien peser l’alternative en la carrière et le mariage si la maternité peut être reportée jusqu’à quarante ans (comme de nombreuses femmes semblent aujourd’hui le croire). Ce que nous avons ici n’est pas un gain net de quantité de choix, mais un changement de sens; d’un engagement sérieux, on passe à un choix momentané dicté par les désirs du jour. Comme le dilettante qui essaie cinq professions sans en poursuivre une, la femme libérée et le playboy veulent garder toutes leurs options ouvertes à jamais : ils veulent la jeunesse éternelle.

La tentative de réaliser une utopie de choix illimitée a dans le monde réel des conséquences prévisibles : notamment, ça fait de l’expérience amoureuse une suite d’échecs. Ceux qui rejettent le mariage dévoué ou le réel célibat voguent dans une série de « relations » en abandonnant ou en étant abandonnés. La leçon qu’on tire inévitablement d’une telle série d’expériences est que l’amour ne dure pas, que les gens ne sont pas fiables, que, somme toute, il n’y a personne d’autre pour nous et que, finalement, la prudence nous dicte toujours de ne pas trop s’investir. Et cela vient ruiner la générosité, la loyauté et la confiance qui sont des valeurs indispensables à la vie familiale et à la perpétuation de notre peuple.

La plupart de ceux qui ont adopté le nouveau commandement de suivre les désirs de leur cœur ne me semblent pas vivre dans un jardin de plaisirs. En fait, ils me rappellent les tristes personnages des textes de Chekhov : vivant une vie sans âme, espérant toujours que le jour suivant, les choses auront changé pour le mieux alors qu’ils continuent à laisser filer les opportunités d’un bonheur durable. Mais c’est simplement la conséquence naturelle de la conception de la vie humaine en tant que suite de choix sans conséquences et révocables. Nous sommes, il est vrai, à l’abri de certains risques, mais n’avons pas grand chose à gagner. Nous avons moins d’inquiétudes, mais peu d’ambitions. Le prix que nous payons pour éliminer les dangers de l’intimité est l’élimination de son sérieux.

Au lieu de la formation familiale, nous avons les « rencontres amoureuses » sans but clair, dans lesquelles les hommes et les femmes se consument en s’efforçant de convaincre le partenaire de fermer ses options tout en gardant les siennes ouvertes. Il y a un combat perpétuel : combattre la compétition tout en gardant l’œil ouvert pour une meilleur possibilité ailleurs. On me dit que la dernière mode est quelque chose qu’on appelle « speed dating », où les hommes et les femmes interagissent pendant trois minutes avant d’aller voir quelqu’un d’autre au son de la cloche.

Le sexe appartient au début de l’âge adulte : une période transitoire de la vie humaine. Il est futile de tenter de l’extraire de sa place naturelle et limitée dans le cycle de la vie et d’en faire une fin en soi. Une civilisation durable a besoin que des désirs plus importants à long terme, comme la procréation, priment sur les souhaits à court terme qui s’y opposent, comme les pulsions sexuelles.

Le but du mariage n’est pas de mettre des menottes aux gens ou de réduire leurs options, mais de leur permettre d’atteindre quelque chose que la plupart des gens ne peuvent atteindre sans l’aide d’une institution sociale. Certaines choses de valeur ont besoin de temps pour mûrir et vous ne pouvez les découvrir que si vous restez fidèles à votre tâche et que vous soyez patients. Le mariage dit aux gens de rester ensemble pour voir ce qui se passe. Lutter avec de telles difficultés, et même dans les périodes de découragement total, fait partie de ce qui permet aux désirs des femmes et des hommes de prendre de la maturité et d’être mis en perspective. Les couples plus âgés qui ont élevé ensemble leurs enfants avec succès et qui les voient à leur tour se marier et procréer sont moins enclins à voir leur lune de miel comme le summum de leur mariage.

Les gens ne peuvent pas savoir ce qu’ils veulent quand ils sont jeunes. Un jeune homme peut imaginer que le bonheur consiste à vivre sur l’Ile de Calypso en s’abandonnant aux plaisirs sexuels sans jamais contracter d’obligations familiales ; mais tous les hommes sérieux trouveront éventuellement cette vie peu satisfaisante. Le terme « playboy » était à l’origine péjoratif, laissant croire que l’homme qui fait de son but ultime la recherche de plaisirs sexuels ne doit pas être pris au sérieux. Le type d’homme qui se croit fort, car il est capable d’avoir des aventures d’une nuit, n’élèvera jamais des fils capables de continuer le combat pour notre civilisation assiégée.

La confusion à propos de ses désirs est probablement plus important chez les jeunes femmes par contre. Pour cette raison, il faut faire attention lorsqu’on parle de femmes « souhaitant le mariage ». Une jeune femme parcourant les pages de Modern Bride ne sait pas ce qu’est le mariage ; tout ce qu’elle veut, c’est célébrer le jour de son mariage et vivre heureuse à jamais. Elle peut très bien n’avoir aucune idée des responsabilités qui l’attendent.

Etre parent est ce qui force réellement les jeunes femmes et les jeunes hommes à vieillir. Les jeunes hommes qui ont la perception d’une bonne vie comme étant de se saouler, de s’envoyer en l’air et de perdre la carte commencent soudainement à planifier leur carrière et à accumuler du capital. Ils trouvent emballant d’avoir une tâche réellement importante à accomplir et sont peut-être surpris de se voir capables de la réaliser.

Mais sans comprendre que le mariage est une alliance irréversible, les hommes et les femmes succombent à l’illusion que le divorce résoudra le « problème » lors d’une insatisfaction dans le mariage. Ils agissent comme le fermier qui nettoie, laboure et plante un champs avant de lever les bras après la première journée chaude de labeur avant de s’écrier : « L’agriculture ce n’est pas plaisant ! Je fais faire quelque chose d’autre ! » Et comme ce fermier, ils n’ont qu’eux à blâmer lorsqu’ils ne peuvent rien récolter.

Comprendre le lien du mariage comme une alliance irréversible influence également la façon dont l’activité économique et la propriété sont comprises. Plutôt que d’être une série de réponses à court terme à certaines circonstances, le travail et l’investissement deviennent des éléments de la vie familiale transcendant la durée de vie naturelle de l’individu. D’un simple moyen de consommation, la richesse devient un héritage familial. Dans les mots d’Edmond Burke, « le pouvoir de perpétuer notre propriété dans nos familles est une des circonstances les plus valables et intéressantes s’y rattachant, et cela est lié à la perpétuation de la société même ». En contraste, la vision moderne typique de la propriété se trouve définie dans le titre d’un guide financier de 1998 très vendu, Die Broke (Mourir pauvre). C’est une politique de la terre brûlée pour notre propre civilisation. Peut-être l’auteur nous gratifiera-t-il un jour d’une suite intitulée Die Alone (Mourir seul) ou Die Childless (Mourir sans enfant).

Mais ce n’est pas tout le monde qui est réceptif à ce genre de message. Les femmes en Afrique occidentale ont en moyenne huit enfants chacune. La révolte contre le mariage et la maternité est principalement un phénomène occidental. C’est en premier lieu dans les pays blancs que le taux de natalité est descendu sous le niveau de remplacement. Il serait donc important que les Blancs ethniquement conscients n’ignorent pas l’aspect sexuel de la révolte contre notre civilisation et ne se limitent pas au simple aspect du métissage. La vision homosexuelle du sexe comme un simple outil de plaisir personnel attaque notre peuple de l’intérieur et à sa source. Notre survie dépendra de notre habileté à organiser une résistance efficace.

Lorsque nous regardons toutes les forces liguées contre notre peuple, cela peut être intimidant. Comment les combattre toutes ? Est-ce que les circonstances sont bonnes ? Serions-nous prêts même si elles l’étaient ? Et que fait-on d’ici là ? La situation devient bien moins intimidante lorsqu’on réalise que la première bataille et la première victoire doivent avoir lieu en nous-mêmes.

Source: http://quebecoisdesouche.info/index.php?traduction-la-liberation-sexuelle-et-le-suicide-racial-f-roger-devlin [3]