Le livre de Kerry Bolton : The Banking Swindle [L’arnaque du système bancaire]

bankingswindle [1]3,813 words

English original here [2]

Kerry Bolton
The Banking Swindle: Money Creation and the State [3]
[L’arnaque du système bancaire : la création d’argent et l’Etat]
London: Black House Publishing, 2013

Le livre de Kerry Bolton, The Banking Swindle, est une excellente introduction à la vision  économique de la vraie Droite, qui s’oppose aux forces de l’usure. Le sujet de l’économie est très négligé dans le discours de la Droite moderne, particulièrement dans le monde anglophone. Les préoccupations concernant la race, l’immigration, le multiculturalisme, ou le révisionnisme historique consomment bien plus d’encre que la question de l’argent, bien que ce soit le pouvoir de l’argent qui se trouve derrière toutes ces questions. De fait, Bolton parle de son importance capitale :

« Aucune autre politique de Droite, dans une quelconque partie du monde, n’est possible sans le besoin d’assurer d’abord la souveraineté économique et financière de l’Etat, et cela ne peut être accompli que quand l’Etat ou la Couronne assume la prérogative de la  banque et de la création de crédit. Le fond du problème est qu’aucun Etat – donc aucun peuple – n’est vraiment libre si certaines décisions qui sont prises peuvent être sapées et ruinées par des décisions prises dans les conseils d’administration des grandes entreprises mondiales, par les fluctuations du marché boursier mondial, et par le pouvoir des banquiers de couper l’apport de crédit si un Etat poursuit des politiques qui ne sont pas dans l’intérêt de la ploutocratie. … Toutes les autres questions, incluant la question de la race et de l’immigration, généralement suprême pour la Droite d’aujourd’hui, sont secondaires, et aucun gouvernement de Droite ne pourrait mettre en œuvre des politiques de droite tant que la souveraineté de la création de crédit n’est pas assurée. »

Le système financier des intérêts permet aux banquiers de créer de l’argent à partir de rien et de le prêter avec des intérêts, qui doivent être remboursés par de la production réelle. Comme Gottfried Feder et Dietrich Eckart le dirent dans leur pamphlet, Pour tous les travailleurs, « Les intérêts doivent venir de quelque part, après tout, quelque part ces milliards et ces milliards doivent être produits par un dur travail ! Qui le fait ? C’est vous qui le faites, et personne d’autre ! C’est vrai, c’est votre argent, durement gagné par du  travail soigné et de la sueur, qui est attiré comme par une force magnétique dans les coffres de ces gens insatiables… ». Ainsi des nations entières peuvent être asservies par la dette et leurs biens physiques saisis pour payer les créditeurs qui ont créé leur dette. C’est pourquoi nous voyons des nations comme la Grèce subir des régimes d’austérité, où les services sont coupés et les biens de la nation vendus, pour s’assurer que les actionnaires ne perdent pas leur argent. On dit sans cesse aux gens de se serrer la ceinture, de ne plus dépenser, et de se débrouiller tout seuls, pour que le système financier puisse surnager. Pourtant, durant la Grande Dépression, des alternatives à ce système furent populaires et furent prônées par des mouvements nationalistes et antilibéraux. Bolton éclaire ce chapitre oublié de l’histoire économique.

Avant de présenter les diverses alternatives au système financier de la dette, Bolton raconte brièvement l’histoire de ce dernier. Il remarque que si l’usure date de l’époque mésopotamienne, avec les emprunts babyloniens de grains de céréales, le système moderne de la finance internationale, basé à la City de Londres, bien que loyal envers le profit seulement, apparut avec l’expansion de l’Age commercial des Grandes Découvertes et avec l’affaiblissement de la position de l’Eglise catholique anti-usure après la Réforme. La victoire des forces mercantiles d’Oliver Cromwell sur les intérêts agricoles et féodaux de Charles 1er dans la Guerre Civile anglaise ouvrirent la voie à la domination financière. Cromwell maintint de bonnes relations avec les marchands hollandais, juifs sépharades et huguenots, ouvrant la voie pour que Londres devienne le principal centre financier en Europe.

La dénommée Glorieuse Révolution de 1688 accomplit ce résultat, avec la déposition du roi catholique Jacques II et son remplacement par le protestant hollandais Guillaume III, qui avait beaucoup emprunté aux banques d’Amsterdam pour mener ses guerres. C’est sous Guillaume III que la Banque d’Angleterre fut créée, établissant une banque privée ayant pour but de prêter au trône de l’argent à intérêts. De 1700 à 1815, la dette nationale de la Grande-Bretagne passa de 12 millions de livres à 850 millions, financés par cette banque.

La famille Rothschild, originaire de Frankfort et ayant des ramifications jusqu’à Paris, Naples, Vienne et Londres, s’impliqua dans le combat anglais contre Napoléon sous la direction de Nathan Rothschild, utilisant leur réseau international pour rassembler les informations. Il faut remarquer que le système économique de Napoléon cherchait à réaliser l’autarcie et que la Banque de France limitait les dividendes et étendait le crédit aux faibles taux d’intérêts pour aider les manufactures plutôt que de les laisser endettées. Une victoire de Napoléon aurait signifié une perte colossale pour les forces de la finance. La victoire de l’Empire britannique et son expansion mondiale permirent à la famille Rothschild d’étendre son influence.

Le petit-fils de Nathan, « Natty » Rothschild cultiva des liens avec l’impérialiste Cecil Rhodes. Mais Rothschild n’était pas un impérialiste britannique pour l’amour de la Grande-Bretagne, en fait il étendit ses prêts au gouvernement boer antibritannique en 1892, au grand déplaisir de Rhodes. Rothschild voyait simplement l’Empire britannique comme le moyen le plus sûr de soutenir le commerce. Quand l’expansion coloniale se ralentit, ils adoptèrent une ligne internationaliste, abandonnant le vieil Empire qui servit alors de barrière au libre-échange, forgeant des liens avec New York et Tokyo après la Première Guerre mondiale.

Dans l’histoire récente, ce furent les événements de la Grande Dépression qui firent découvrir à beaucoup les défauts du système financier des intérêts. La Réserve Fédérale, la banque privée qui contrôle l’apport d’argent des Etats-Unis, faisait appel aux prêts de ses 12 branches régionales, qui finançaient à leur tour les diverses banques locales du pays, et à la fin de cette transaction le débiteur ordinaire était forcé de payer ou de faire face à la saisie. Au milieu de cette crise, les fermiers reçurent l’ordre de détruire des stocks de nourriture qui ne pouvaient pas être achetés par manque de fonds, alors que les gens étaient affamés. A la différence d’aujourd’hui, les gens et leurs dirigeants politiques ne suivirent pas aveuglément les solutions proposées par les mêmes gens qui avaient causé le problème, ils cherchèrent au contraire des alternatives à l’usure. Les concepts corrélés du crédit d’Etat et du crédit social trouvèrent un très large appui social.

L’idée du crédit d’Etat précède le concept du crédit social, qui fut codifié par le major C. H. Douglas dans les années 20 et 30. Dans un système de crédit d’Etat, l’Etat imprime sa propre monnaie et l’utilise pour acheter des biens et des services ou pour le prêter à des producteurs à un intérêt nul ou minimal, au lieu d’emprunter de l’argent à intérêt à des créditeurs et faire travailler la population de l’Etat pour payer les intérêts de ces prêts extérieurs.

Un exemple précoce de crédit d’Etat fut vu au Québec en 1685, quand la colonie se trouva face à une interruption du financement venant de la Couronne. L’Intendant de la Province, Monsieur de Meulle, se trouva dans l’incapacité de payer ses troupes, et n’étant pas habilité à emprunter de l’argent ni à en imprimer, il collecta simplement les cartes à jouer, les coupa dans la partie supérieure, et les utilisa comme monnaie à la place de fonds extérieurs. Cette action épargna à la Couronne française 13.000 livres. Les cartes servaient de titre provisoire : des objets arbitraires comme le papier ou des jetons servant de cours légal.

Le titre provisoire fut utilisé sur l’île britannique de Guernesey en 1820, quand l’Etat ne put ni assurer des prêts extérieurs ni augmenter les impôts pour trouver les fonds nécessaires au maintien et à l’amélioration de l’infrastructure locale. Pour faire face à la situation, l’Etat émit 6.000 livres en Bons d’Etat, qui furent utilisés pour payer les travaux nécessaires sur l’île. Si l’idée d’une impression par l’Etat de son propre argent et de son utilisation pour payer directement des biens et des services est écartée sous le nom de « fausse monnaie », l’Ile de Guernesey prospéra plus tard de la création de monnaie libre de dette. La seule différence entre cette soi-disant « fausse monnaie » et la monnaie régulière était qu’elle n’était pas créée avec un intérêt usuraire par une banque privée.

Dans les années agitées de la République de Weimar, quand l’hyperinflation affecta la valeur du Mark, le Wära, émis par la Wära Barter Company [Société de Troc Wära], fut un exemple remarquable de la réussite économique d’un titre provisoire. A la suite de la Grande Dépression de 1929, les employés de Hebecker dans le village de Schwanenkirchen furent payés en Wära, que les villageois acceptèrent comme monnaie valide. Le succès conséquent à Schwanenkirchen fut décrit comme miraculeux dans la presse, et finalement 2.000 sociétés l’acceptèrent avant qu’il soit interdit en 1931. Dans la ville autrichienne de Woergl une monnaie similaire au Wära fut introduite, où la Commission de Secours Local émit des timbres pour servir de titre provisoire, qui financèrent de nouveaux programmes de travaux publics, ce qui réduisit le chômage. Le titre provisoire des timbres de Woergl fut interdit en 1933.

Dans les pays anglophones, les événements de la Grande Dépression provoquèrent un intérêt pour des alternatives au système financier de la dette, en particulier le système du Crédit Social du major anglais C. H. Douglas. La prémisse de base de ce système est que la quantité d’argent en circulation n’est jamais égale à la quantité nécessaire pour consommer tout ce qui est produit. Ceci est démontré par le « Théorème A + B ». Admettons que A soit la quantité qu’un producteur paye à ses employés, et que B soit la quantité qu’un producteur dépense pour des paiements extérieurs. La quantité minimum nécessaire au soutien du producteur est la somme A + B, bien que seul A ait du pouvoir d’achat. Ainsi B est en fait un manque de pouvoir d’achat. Pour faire face au manque de pouvoir d’achat, Douglas proposa un « Dividende National », payé par l’Etat aux gens, émis non comme une dette devant être remboursée, mais comme un droit de naissance du citoyen.

Un éminent représentant de cette idée fut le poète américain Ezra Pound, qui vit dans le Fascisme italien un véhicule du Crédit Social. En Nouvelle-Zélande, le poète Rex Fairburn adopta aussi les idées du Crédit Social. La tournée de Douglas en Nouvelle-Zélande inspira aussi la Légion néo-zélandaise de Campbell Begg, qui à un moment compta 20.000 membres. En Grande-Bretagne, les Chemises Vertes, une organisation venant du mouvement scout Kibbo Kift anglo-saxon et d’inspiration médiévale, rallia les chômeurs et les affamés à l’idée de Crédit Social. En 1936, le fondateur des Chemises Vertes John Hargrave fut nommé conseiller à un gouvernement de Crédit Social en Alberta, au Canada. Cependant, le gouvernement central s’arrangea pour faire échouer les tentatives pour correctement mettre en œuvre le système. W. K. A. J. Chambers-Hunter soutint les idées du Crédit Social dans l’Union Britannique des Fascistes d’Oswald Mosley, sous la prémisse que « le crédit britannique sera utilisé à des fins britanniques ». Au Canada, une organisation catholique appelée les Pèlerins de Saint Michel [Pilgrims of St. Michael], fondée en 1935 par Louis Even et encore existante, prôna le Crédit Social comme alternative au système financier honteusement basé sur l’usure.

Il y eut pourtant un autre croisé catholique contre l’usure qui influença les Pèlerins de Saint Michel. En Amérique, le père Charles Coughlin, de naissance canadienne, animateur d’un populaire programme radio catholique pour les enfants, s’adressait à leurs parents dans les émissions radio sur la question de l’argent, et ses attaques bien reçues contre l’usure menèrent à la création de la Ligue Radio de la Petite Fleur [Radio League of the Little Flower]. En 1932, il avait une audience allant jusqu’à 45 millions d’auditeurs. Originellement un partisan du New Deal, Coughlin rompit avec Roosevelt et créa l’Union Nationale pour la Justice Sociale, qui distribua son journal Social Justice. Il demanda l’abolition des banques privées, et la restauration du contrôle du Congrès, à la place de la Réserve Fédérale, sur l’habilitation à imprimer et réguler l’apport d’argent. Cependant, l’opposition croissante dans la hiérarchie de l’Eglise catholique et les changements dans les règlementations radio causés par le début de la Seconde Guerre mondiale forcèrent Coughlin à cesser ses émissions en 1940, et en 1942 le journal Social Justice fut interdit de transport par la poste US.

Si une grande partie de l’indignation populaire concernant les injustices du système financier de la dette disparut avec la Seconde Guerre mondiale, elle entraîna des changements politiques concrets dans plusieurs pays. Bien avant la Grande Dépression, le politicien travailliste australien King O’Malley identifia le système bancaire comme étant la racine de la misère de l’homme ordinaire, déclarant : « Le système bancaire actuel a été fondé sur l’idée que les masses ont été créées pour qu’un petit nombre de gens puisse les prendre comme proie. Les dettes sont contractées pour de la terre, du travail, des produits, et d’autres biens. Quand les intérêts montent, les bons du gouvernement se déprécient, les détenteurs vendent pour s’assurer des liquidités afin de bénéficier de la hausse des intérêts. Des taux d’intérêts élevés accroissent rapidement l’endettement des gens ».

La solution qu’il proposait était la création d’une Banque du Commonwealth qui servirait de banque nationale pour l’émission de monnaie sans avoir recours à l’usure. Finalement, après beaucoup de luttes, la Banque du Commonwealth fut instituée comme une banque étatique mais commerciale, et elle ne parvint pas à émettre du crédit d’Etat, bien que son premier gouverneur n’utilisa pas de capitaux privés pour financer la banque et parvint à financer le gouvernement australien sans imposer d’intérêts usuraires à la nation.

Durant la Première Guerre mondiale, alors que d’autres nations payaient 6% d’intérêts sur leur dette, la Banque du Commonwealth ne comptait que 1%, épargnant à l’Australie la tourmente économique qui s’ensuivit [ailleurs]. Jusqu’en 1924, la Banque du Commonwealth finança la construction de maisons, de routes, de chemins de fer, et d’autres formes d’infrastructure à un taux d’intérêt minimum, entraînant une grande prospérité. Cependant, en 1924, des intérêts privés prirent le contrôle du directorat gouvernant, et l’expérience prit fin.

Un autre succès politique aux antipodes fut le programme de logement d’Etat de Nouvelle-Zélande, financé par le crédit d’Etat de la Banque de Réserve. Ce projet réduisit le chômage en plein milieu de la Grande Dépression. Une première tranche de 5 millions de livres de crédit d’Etat fut émise, à un taux d’intérêt minimal, sans le soutien d’une autre institution financière privée. Si le projet de logement d’Etat fait l’objet de louanges générales, la méthode non-orthodoxe de son financement est rarement commentée dans les livres d’histoire. The Banking Swindle rend un immense service à l’histoire financière en racontant le succès de ce qui est bien trop souvent écarté comme de la « fausse monnaie ».

La figure centrale du combat pour le crédit d’Etat en Nouvelle-Zélande fut John A. Lee, un socialiste influencé par les idées du Crédit Social, qui exposa sa vision dans Money Power for the People [Le pouvoir de l’argent pour le peuple]. Il écrivit que « conquérir le pouvoir financier complet [est] le premier pas vers un nouvel ordre social », comprenant que les intérêts possédés par l’Etat seraient impuissants s’ils dépendaient d’un financement privé ou étranger, qui pouvait être manipulé pour produire des effets néfastes pour le peuple de la Nouvelle-Zélande. Cette leçon a été oubliée par beaucoup de gouvernements socialistes autoproclamés dans le monde, comme la Grèce, dont le gouvernement socialiste a emprunté des millions à des investisseurs étrangers simplement pour se voir imposer l’austérité par ces usuriers.

Le principe de liberté vis-à-vis des chaînes de la finance internationale plaisait aussi aux nationalistes de cette époque, comme on peut le voir par l’approbation de la BUF [British Union of Fascists] du « Crédit britannique à des fins britanniques ». L’un des principes fondateurs du Parti des Travailleurs Allemands, qui devint plus tard le Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands [NSDAP], était de briser l’esclavage de l’intérêt. Le principal cerveau économique de ce parti était Gottfried Feder, un membre fondateur du Parti des Travailleurs Allemands. Comprenant que l’intérêt donnait à l’argent le pouvoir de se reproduire aux dépens du travail productif, Feder recommandait l’abolition des revenus obtenus sans travail physique ou intellectuel, un concept constituant le 11e point du programme du NSDAP. Alors que les marxistes concentraient leur colère sur la propriété privée, Feder disait que « vous n’entendez jamais un mot là-dessus, jamais une syllabe, et pourtant il n’y a rien dans le monde qui soit une telle malédiction pour l’humanité ! Je parle du capital des prêts ! ». Après l’arrivée au pouvoir du national-socialisme, le crédit d’Etat fut utilisé pour financer des projets de travaux publics et les taux d’intérêt furent limités par la loi. Hitler lui-même remarqua :

« Toutes pensées de réserves d’or et d’échange étranger pâlissent devant l’ardeur au travail et l’efficacité des ressources productives nationales bien planifiées. Nous pouvons aujourd’hui sourire en pensant qu’à une époque les économistes pensaient sérieusement que la valeur de la monnaie était déterminée par les réserves d’or et d’échange étranger dormant dans les coffres des banques nationales et, par dessus-tout, était garantie par celles-ci. Au lieu de cela, nous avons appris à comprendre que la valeur d’une monnaie réside dans le pouvoir de production d’une nation, qu’un volume croissant de production soutient une monnaie, et pourrait peut-être augmenter sa valeur, alors qu’une production décroissante doit, tôt ou tard, conduire à une dévaluation obligatoire. »

Dans le domaine du commerce international, l’Allemagne troquait directement ses produits en surplus contre les produits d’autres nations, évitant les échanges du système financier. Par une politique d’autosuffisance économique, évitant avant tout les pièges du marché des crédits, l’Allemagne put créer le plein-emploi pour son peuple. L’économiste moderne Henry C. K. Liu remarqua : « par une politique monétaire indépendante de crédit souverain et un programme de travaux publics de plein-emploi, le Troisième Reich parvint à transformer une Allemagne en faillite, dépouillée de colonies outre-mer à exploiter, en la plus forte économie d’Europe en quatre ans, avant même le début des dépenses d’armement … Si cette observation n’est pas une approbation de la philosophie nazie, l’efficacité de la politique économique allemande durant cette période, dont une certaine partie avait été initiée durant la dernière phase de la République de Weimar, est indéniable ».

De plus, les partenaires de l’Allemagne dans l’Axe poursuivirent aussi des alternatives nationalistes au système financier mondial. En 1932, la Banque du Japon fut réorganisée et devint une banque d’Etat, émettant du crédit basé uniquement sur les besoins des producteurs japonais. A partir de 1931-1941, la production industrielle japonaise s’accrut de 136% et le revenu national s’accrut de 241%. En Italie, l’Etat prit le contrôle des principales banques par l’Instituto Mobiliare Italiano en 1931. En 1936, la Loi Bancaire fit de la Banque d’Italie la seule banque pour prêter du crédit à d’autres banques, supprima les limites aux emprunts d’Etat, et retira l’Italie de l’étalon-or. De plus, elle déclara que l’émission de crédit devait servir le public. La République Sociale Italienne poussa les idées de partage du profit et de cogestion des travailleurs encore plus loin durant sa courte existence, à partir de 1943-1945, cherchant activement à impliquer l’homme ordinaire dans le contrôle de l’industrie avec un programme développé par l’ancien communiste Nicola Bombacci.

Avec la défaite de l’Axe et la Guerre Froide ultérieure, la pensée de Droite, qui s’était auparavant opposée au libéralisme dans le domaine économique aussi bien que dans le domaine social, devint synonyme des politiques de libre-échange anglo-américaines, qui étaient en faveur de la finance de la dette. Concernant les origines de cet affrontement supposé entre Capitalisme et Communisme, Bolton dit aussi clairement que la Révolution Bolchevique fut bien accueillie par les financiers américains comme Jacob H. Schiff et John B. Young. Schiff finança lui-même Les Amis de la Liberté Russe, qui répandit la propagande révolutionnaire parmi les prisonniers de guerre russes durant la guerre russo-japonaise.

La vraie raison de l’hostilité des financiers envers le Tsar était le refus de la Russie de céder sa souveraineté sur son économie. La Banque d’Etat de l’Empire russe était sous le contrôle du Ministère des Finances et elle étendit le crédit à intérêt minimal aux producteurs russes. La Russie possédait aussi de grandes réserves d’or, et elle n’avait donc pas besoin d’emprunter à l’extérieur. Pour la plus grande part l’économie tsariste était autarcique, échappant à l’emprise de la finance internationale.

Contre cette fausse opposition entre les idéologies également destructrices du capitalisme et du communisme, qui ont à leur racine le matérialisme atomisé, la vraie droite proclame la supériorité des valeurs spirituelles sur celles du profit. Bolton cite avec approbation l’apologiste tsariste George Knupffer : « Nous aimerions être certains que tous ceux qui mettent l’esprit au-dessus des choses matérielles, le devoir au-dessus de l’avidité et l’amour au-dessus de la haine et de la jalousie sont dans le camp de la Droite Organique ». Une prémisse fondamentale de l’économie de la vraie droite devrait être la subordination de l’argent à une cause supérieure, le bien culturel d’un peuple. Les gens ne devraient pas travailler pour gagner de l’argent afin de poursuivre une vie monotone de rouages dans la machinerie de la finance de la dette, ils devraient travailler pour leur propre élévation [spirituelle]. Le Communisme et le Capitalisme sont deux faces de la même pièce de monnaie matérialiste. Comme le remarqua Spengler :

« Les concepts du Libéralisme et du Socialisme ne sont véritablement mis en mouvement que par l’argent. Ce furent les Equites [= les Chevaliers], le parti des riches, qui rendirent possible le mouvement populaire de Tiberius Gracchus ; et dès que la partie des réformes qui leur était avantageuse eût été légalisée avec succès, ils retirèrent leur appui et le mouvement s’effondra. »

Il n’existe aucun mouvement prolétarien, ni même communiste, qui n’ait pas opéré en faveur de l’argent, dans les directions indiquées par l’argent, et pour la durée permise par l’argent – et cela sans que les idéalistes parmi ses dirigeants aient le moindre soupçon de ce fait.

Durant toute la durée des XIXe et XXe siècles il y eut des mouvements qui combattirent les deux formes de matérialisme, comme Bolton l’a raconté dans ce livre et dans d’autres. Si la Droite d’aujourd’hui consacre beaucoup de temps aux questions de la race et de l’immigration, il est nécessaire de comprendre les origines économiques de ce monde de plus en plus déraciné et atomisé que nous devons combattre. The Banking Swindle constitue une excellente histoire des mouvements qui cherchèrent à briser l’esclavage de l’intérêt et constitue une initiation à la véritable économie de la droite. Dans cet âge sombre d’austérité, il éclaire une voie pour les nations qui se trouvent sous la botte de la finance globale, et on espère seulement qu’il inspirera les actions nécessaires à leur libération vis-à-vis de ces chaînes dorées.