Tous Africains?

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Milford H. Wolpoff, professeur d’anthropologie et Chercheur Associé Adjoint, Muséum d’Anthropologie à l’Université du Michigan

2,342 words

English original here [2]

En 2008, 60 Minutes passa une histoire sur Spenser Wells, Explorateur Permanent pour la National Geographic Society, qui est en train d’établir la carte des liens génétiques de la population mondiale. Les médias sont naturellement pressés de creuser la carte génétique de Wells parce qu’elle appuie l’hypothèse « Out of Africa » ou « Eve africaine » avancée il y a quelque temps par certains généticiens. L’Establishment libéral est pressé de proclamer que nous faisons tous partie d’une masse nébuleuse d’humanité sans aucune différence à part celles qui peuvent être acquises. L’intervieweuse, une femme blonde, était fière de déclarer qu’elle était « jadis une Africaine » (sic).

Alors que cela est l’actuelle théorie à la mode, la nouvelle orthodoxie – pour soutenir la très vieille orthodoxie du « Bon Sauvage » qui a fourni une base idéologique pour les doctrines subversives depuis la Révolution Française – toute preuve contraire est supprimée. Les généticiens défendant l’hypothèse de l’« Eve africaine » ne sont pas d’accord avec une autre branche de la science – la paléoanthropologie, l’examen des restes fossiles. Sur la base des restes fossiles, les paléoanthropologues maintiennent qu’il y a une large divergence dans l’humanité et remontant bien avant les 200.000 petites années attribuées à différentes populations par les protagonistes de l’« Eve africaine ». Sur la base des indications fossiles, la divergence humaine aurait commencé il y a un ou deux millions d’années, et les traits qui caractérisent aujourd’hui les Européens, les Aborigènes australiens, les Chinois, etc., étaient déjà présents.

L’hypothèse « Out of Africa » des migrations humaines il y a 200.000 ans fut proposée par Wilson et Cann en 1992 (Allan C. Wilson et Rebecca L. Cann, “The Recent African Genesis of Humans,” Scientific American 1992, no. 266: 68-73).

Evolution multirégionale

Ce que les paléoanthropologues nomment maintenant « évolution multirégionale » postule cependant une divergence raciale bien plus précoce, sur la base des indications fossiles. Alan G. Thorne et Milford H. Wolpoff affirment la base polygénique ou multirégionale des origines humaines modernes. Ils maintiennent qu’il n’y a pas une seule dispersion récente pour les humains modernes, que les humains sont apparus en Afrique et ont ensuite lentement développé leurs formes modernes dans chaque région du Vieux Monde.

D’après la vision multirégionale, l’ADN mitochondriale n’est pas notre seule source d’informations. Les restes fossiles et les artefacts représentent une information plus fiable. L’évolution multirégionale fait remonter toutes les populations à des humains qui auraient quitté l’Afrique pour la première fois il y a 1,8 millions d’années. Des populations distinctives ont maintenu des différences physiques. Les traits qui distinguent les Asiatiques, les Aborigènes australiens et les Européens semblent s’être développés sur une longue période, là où ces peuples se trouvent aujourd’hui.

Les fossiles des hominidés d’Australasie montrent une séquence anatomique continue, les premiers Australiens arborant des traits vus en Indonésie il y a 100.000 ans. Des indications similaires ont été trouvées en Asie du Nord où des fossiles chinois vieux d’un million d’années diffèrent des fossiles de Java d’une manière à peu près équivalente aux différences existant aujourd’hui entre Asiatiques du Nord et Australiens (Alan G. Thorne et Milford H. Wolpoff, “The Multiregional Evolution of Humans,” Scientific American 1992, no. 266: 76-83).

Dans un compte-rendu typiquement tendancieux par P. Shipman dans le numéro du 16 janvier 1993 du The New Scientist, l’hypothèse de Thorne et Wolpoff fut néanmoins succinctement décrite au milieu de commentaires trompeurs suggérant que les différences génétiques parmi les races ne joueraient aucun rôle dans leur relation avec la société. Certaines des pertinentes descriptions de l’hypothèse de Thorne et Wolpoff suivent :

« …A quel stade de l’évolution humaine les races modernes se sont-elles développées ? Et les comportements et coutumes ethniques peuvent-ils agir comme une force sélective sur l’évolution humaine, contribuant à former les caractéristiques physiques des cinq (environ) sous-groupes génétiques de l’humanité que nous appelons races ? De récentes tentatives pour trouver des indications dans les restes fossiles et squelettiques ont provoqué plusieurs violentes escarmouches académiques.

La bataille principale concerne les tentatives d’une petite bande de chercheurs qui tentent de prouver que les races humaines sont des centaines de milliers d’années plus vieilles que les théories conventionnelles veulent nous le faire croire. Milford Wolpoff de l’Université du Michigan et ses collègues maintiennent que les principales races humaines – Négroïdes, Caucasoïdes, Mongoloïdes, peuples aborigènes australiens et Bushmen d’Afrique du Sud – ont commencé à se développer bien avant l’apparition des humains anatomiquement modernes, l’Homo sapiens. Contrairement à la pensée majoritaire, les races ne se sont pas développées en résultat du départ des humains modernes quittant l’Afrique pour coloniser le reste du monde, il y a quelques 100.000 ou 200.000 ans. C’est à peu près ce qu’affirme Wolpoff.

… Le plus amusant, c’est que dans la vie quotidienne, la plupart des divisions que nous reconnaissons sont ethniques, c’est-à-dire qu’elles concernent des comportements acquis et des traditions culturelles plutôt que des facteurs biologiques. Pourtant dans le domaine de la science, c’est la race qui est souvent le point critique. …

Pour les anthropologues et les paléontologues, la question de savoir à quel moment de la préhistoire les races ont commencé à se développer n’est pas moins controversé. Wolpoff, Alan Thorne de l’Université Nationale Australienne et leurs collègues font remonter les caractéristiques raciales jusqu’à deux millions d’années, jusqu’à l’espèce humaine éteinte de l’Homo erectus. D’après leur dénommée hypothèse multirégionale (voir “The case against Eve,” New Scientist, 22 juin 1991), les humains anatomiquement modernes se sont développés à partir de cette plus ancienne forme simultanément dans différentes parties du monde, et c’est pendant cette période d’évolution simultanée que les caractéristiques raciales de l‘Homo sapiens sont apparues pour la première fois… »

Evolution parallèle

Thorne et Wolpoff ne sont pas les premiers à affirmer la grande ancienneté de la divergence humaine. Carleton S. Coon, président de l’Association Américaine d’Anthropologie Physique, l’un des plus éminents représentants de cette discipline, fut l’un des défenseurs les plus connus de ce qu’on appelle aujourd’hui « évolution multirégionale », et qui était appelé à cette époque « évolution parallèle ». Comme Thorne, Wolpoff et d’autres sceptiques concernant l’hypothèse de l’« Eve africaine », Coon affirmait que les races d’aujourd’hui ont évolué séparément, dans différents continents, au cours de périodes de temps différentes. Coon, écrivant en 1962, disait à propos de l’origine et de la première divergence de l’humanité en races :

« Là où l’homo sapiens apparut, et l’Afrique est à présent le continent le plus probable, il se dispersa bientôt, sous une forme très primitive, dans toutes les régions chaudes du Vieux Monde. Trois des cinq sous-espèces humaines ont traversé la ligne du sapiens quelque part. Si l’Afrique fut le berceau de l’humanité, elle fut seulement un jardin d’enfants indifférencié. L’Europe et l’Asie furent nos écoles principales.

Autant que nous le sachions, la ligne congoïde commença au même niveau évolutionnaire que les lignes eurasiatiques durant le pléistocène moyen et resta ensuite immobile pendant la moitié d’un million d’années, après quoi les Nègres et les Pygmées apparurent comme par enchantement. … »

R. Ruggles Gates, à l’époque le généticien d’anthropologie humaine le plus expérimenté, avait déjà dit bien plus tôt : « L’isolation a été le grand facteur, ou en tous cas, un facteur essentiel, dans la différenciation des races » (R.R. Gates, Heredity in Man [Londres : Constable, 1929], p. 295. Gates fut le fondateur de la génétique des chromosomes).

L’évolution multirégionale de races séparées, il y a près de deux millions d’années, fut la théorie majoritairement défendue parmi les généticiens tout comme parmi les anthropologues, jusqu’à une époque récente. Les indications fossiles sont en accord avec la très précoce divergence et l’évolution séparée des principales races.

Tous des chimpanzés maintenant ?

La tactique principale des scientifiques partisans de la théorie du « Un Seul Monde – Une Seule Race » et de leurs troupes de choc dans la rue et les médias est de déclarer pompeusement qu’il n’y a qu’« une seule race – la race humaine », pour le motif que toutes les sous-espèces de l’homme partagent 99,9% de leurs gènes.

Cet argument se propose d’établir l’égalité morale et politique sur la base de la similarité génétique. Mais la similarité n’est pas l’égalité. Si nos droits et obligations l’un envers l’autre sont basés sur la similarité génétique, et si la similarité génétique est une question de degré, alors les droits et obligations doit l’être aussi. Nous devrions avoir de plus grandes obligations envers des gens plus proches de nous qu’envers des gens plus éloignés. Mais ce n’est pas le genre d’égalitarisme désiré par la foule du « Un Seul Monde – Une Seule Race ».

En outre, la position « similarité génétique = égalité morale » commence à sembler absurde lorsqu’elle est aussi appliquée aux non-humains. Après tout, la relation génétique entre les chimpanzés et les humains est de 98,5%. Certains scientifiques soutiennent maintenant sur cette base que les chimpanzés et les humains devraient maintenant être classifiés dans le même genre. Ecrivant dans le National Geographic News, Pickrell déclare :

« Un nouveau rapport affirme que les chimpanzés sont si étroitement apparentés aux humains qu’ils devraient être inclus dans notre branche de l’arbre de la vie. Les chimpanzés et d’autres grands singes ont été historiquement séparés des humains dans les schémas de classification, les humains étant jugés les seuls dignes d’être membres de la famille des hominidés parmi les espèces.

Or, des biologistes de l’Ecole de Médecine de l’Université de Wayne, à Detroit dans le Michigan, fournissent de nouvelles indications génétiques montrant que les lignages des chimpanzés (actuellement classifiés comme Pan troglodytes) et des humains (Homo sapiens) ont divergé si récemment que les chimpanzés devraient être reclassés comme Homo troglodytes. Cette mesure ferait des chimpanzés des membres à part entière de notre genre Homo, en compagnie des hommes de Neandertal, et de toutes les autres espèces fossiles proches des humains. ‘Nous humains, semblons être des grands singes proches des chimpanzés et seulement légèrement modifiés’, dit l’étude…

Le terme genre décrit un groupe d’espèces similaires étroitement apparentées, censées avoir divergé l’une de l’autre relativement récemment, et c’est le premier groupement au-dessus du niveau des espèces. Les chimpanzés ordinaires et les bonobos ont jusqu’à maintenant été classifiés dans leur propre genre, Pan.

Les études indiquent que les humains et les chimpanzés sont génétiquement identiques entre  95 et 98,5%. …

Derek E. Wildman, Goodman, et d’autres co-auteurs de Wayne affirment dans leur nouvelle étude, publiée aujourd’hui dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences, qu’au vu des indications, il est quelque peu surprenant que les humains et les chimpanzés soient encore classifiés dans des genres différents. D’autres genres de mammifères contiennent souvent des groupes d’espèces qui ont divergé beaucoup plus tôt que les chimpanzés et les humains, dit Goodman. ‘Pour être cohérents, nous devons réviser notre définition de la branche humaine de l’arbre de la vie’, dit-il. »

(J. Pickrell, “Chimps Belong on Human Branch of Family Tree, Study Says,” National Geographic News, 20 mai 2003)

Mais si les chimpanzés appartiennent au genre humain, cela ne signifie-t-il pas que c’est « raciste » de les acheter et de les vendre ? N’est-ce pas du racisme de les garder dans des cages ? N’est-ce pas du racisme de ne pas leur donner le droit de vote, le droit de conduire, le droit de s’accoupler avec la fille de quelqu’un ? N’est-ce pas du racisme de ne pas permettre aux chimpanzés d’aller à l’école ? Les Blancs seront-ils blâmés quand les chimpanzés ne parviendront pas à passer la première année de scolarité ? Le Président des Etats-Unis demandera-t-il qu’« aucun chimpanzé ne soit laissé derrière » ? Je suis tout à fait favorable à un traitement humain des chimpanzés, mais cela n’implique pas que nous devons les traiter comme des êtres humains.

Derrière la propagande du « Un Seul Monde – Une Seule Race »

Quel a été le résultat de la croyance générale en l’hypothèse de l’« Eve africaine » ? Elle convient clairement au programme politique d’aujourd’hui, et est devenue un nouvel article de foi parmi l’académie bien-pensante.

Tout comme le mythe du « Bon Sauvage », l’idée d’une idylle édénique existante entre les races primitives épargnées par les influences corruptrices de la civilisation européenne, devint à la mode parmi les dénommées classes éduquées et cultivées du XVIIIe siècle et fournit l’impulsion idéologique pour la Révolution française – de même le nouveau mythe de l’« Eve africaine » sert aujourd’hui des intérêts similaires.

Le dogme de l’« Eve africaine », du « Tous des Africains » fournit une impulsion pseudo-érudite pour le nivellement de l’humanité en une masse nébuleuse, sans identité, aisément malléable entre les mains de ceux qui cherchent à établir un « Nouvel Ordre Mondial ».

L’article du New Scientist cité plus haut commençait par les références obligatoires au « néonazisme » et au « racisme ». Pourtant ce que nous voyons surgir du dogme « Un Seul Monde – Une Seule Race » impliqué par l’hypothèse de l’« Eve africaine » est quelque chose de bien plus totalitaire. L’illusion égalitaire a causé plus de mal [= davantage de victimes] – de la guillotine au Goulag, des charniers de Pol Pot au suicide collectif de Jonestown – que les pires excès de l’hitlérisme.

Si l’hitlérisme visait à la création d’une « Race des Seigneurs », l’idéologie du « Un Seul Monde – Une Seule Race » aspire à son image inversée : l’extermination de tous les peuples distincts au moyen du métissage et leur remplacement par une race homogène et nivelée par le bas, une race d’esclaves.

En recherchant nos origines primitives éloignées, nous pourrions aussi bien retourner au-delà de l’« Eve africaine », jusqu’au limon primal d’existence indifférenciée d’où toute la vie sortit finalement, car c’est justement une telle soupe d’humanité indistincte et sans caractère que nos nouveaux esclavagistes cherchent à imposer par l’inversion dysgénique de l’évolution.

La liberté et la justice sont servies au mieux non par le poids mort d’une « égalité » imposée, mais par la reconnaissance de la différenciation, car c’est dans cette différence que l’humanité peut le mieux être appréciée et valorisée.