Le Christ, Nietzsche et Cesar

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"Christ Before Pilate," School of Hieronymus Bosch, 16th-Century, Princeton University Art Museum

623 words

English original here [2]

Nos adversaires prétendent que le fascisme n’a pas d’arrière-plan historique ni de philosophie, et cet après-midi ma tâche est de suggérer que le fascisme a des racines profondes dans l’histoire et qu’il a été soutenu par quelques-uns des meilleurs élans de l’esprit spéculatif. Je suis conscient, bien sûr, qu’on ne parle pas beaucoup de la philosophie attachée à nos activités dans les colonnes de la presse quotidienne. Cependant, je suis sûr que vous comprendrez que ces grands miroirs de l’esprit public ne donnent pas toujours un reflet très fidèle, et si vous n’entendez parler que des moments les plus marquants de notre progression, il y a néanmoins d’autres moments qui ont une certaine profondeur de pensée et de conception constructive.

Je crois que la philosophie fasciste peut être exprimée en termes intelligibles, et si elle apporte une contribution entièrement nouvelle à la pensée de cette époque, on peut aussi montrer qu’elle tire son origine ainsi que son support historique de la pensée établie du passé.

Dans le premier cas, je suggère que la plupart des philosophies de l’action sont dérivées d’une synthèse des conflits culturels dans une période antérieure. Là où, dans une époque de culture, de pensée, de spéculation abstraite, vous trouvez deux grandes cultures en violente antithèse, vous trouvez généralement, dans l’époque suivant l’action, une certaine synthèse pratique entre ces deux violentes antithèses, qui conduit à une foi pratique de l’action.

Je suggérerais qu’au siècle dernier, le combat intellectuel majeur a surgi du formidable impact de la pensée nietzschéenne sur la civilisation chrétienne deux fois millénaires. Cet impact n’a été réalisé que très lentement. Ses pleines implications se développent seulement aujourd’hui. Mais tournez-vous où vous voulez dans la pensée moderne, vous trouvez les résultats de ce combat pour la maîtrise de la pensée et de l’esprit de l’homme. Je ne porte pas d’accusation contre le christianisme, parce que je vais vous montrer que je crois que les doctrines nietzschéenne et chrétienne sont capables de synthèse.

D’une part vous trouvez dans le fascisme, prise au christianisme, prise directement à la conception chrétienne, l’immense vision du service, de l’abnégation, du sacrifice de soi à la cause des autres, à la cause du monde, à la cause de votre pays ; pas l’élimination de l’individu, mais plutôt la fusion de l’individu dans quelque chose de bien plus grand que lui-même, et vous avez la doctrine de base du fascisme, service, oubli de soi devant ce que le fasciste doit concevoir comme la plus grande cause et la plus grande impulsion dans le monde. D’autre part vous trouvez, pris à la pensée nietzschéenne, la virilité, le défi à toutes les choses existantes qui entravent la marche de l’humanité, l’abnégation absolue de la doctrine de l’oubli de soi, la ferme capacité à s’attaquer à tous les obstacles et à en triompher. Vous avez, en fait, la création d’une doctrine d’hommes de vigueur et d’effort personnel, ce qui est l’autre caractère marquant du fascisme.

Au moment d’une grande crise mondiale, une crise qui finira inévitablement par s’approfondir, un mouvement émerge d’un arrière-plan historique qui rend son émergence inévitable, portant certains attributs traditionnels dérivés d’un très glorieux passé, mais affrontant les faits d’aujourd’hui, armé des instruments que seule cette époque a donné à l’humanité. Par cette nouvelle et merveilleuse coïncidence de l’instrument et de l’événement, les problèmes de l’époque peuvent être résolus, et l’avenir peut être assuré d’une stabilité progressive. C’est peut-être la dernière grande vague de l’immortel mouvement césarien, revenant éternellement. Mais avec l’aide de la science, et avec l’inspiration de l’esprit moderne, cette vague portera l’humanité à un nouveau rivage.

Extrait de “The Philosophy of Fascism”.