Hégémonie

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En septembre 2001, juste après les attaques terroristes du 11 septembre, je m’envolai vers Paris pour participer à la Fête des Bleu-blanc-rouge du Front National, un rallye politique auquel participaient des dizaines de milliers de nationalistes français et autres sympathisants venus du monde entier. Avant le début de l’événement, je participai à une conférence impromptue organisée par des nationalistes anglophones originaires des États-Unis, du Canada et de Grande-Bretagne.

Lorsque le sujet du 11 septembre fut abordé, il donna lieu à un désaccord très instructif. Selon les Américains, la domination juive exercée sur la politique étrangère américaine était responsable du 11 septembre. Les Anglais, chez qui les musulmans représentaient une proportion de la population  bien plus importante qu’aux États-Unis, tenaient à témoigner de la jubilation exprimée dans leurs rues suite aux attaques. Pour eux, l’immigration musulmane était la base du problème.

Évidemment, aucun n’avait tort. Les attaques du 11 septembre n’auraient pu se produire sans l’existence de la domination juive et de l’immigration musulmane. Alors que le débat devenait de plus en plus houleux, je me rendis compte que quelque soit le parti pris, « Blâmons-nous les Juifs ou les Musulmans? », les blancs ne pouvaient pas perdre, notre but étant justement de nous libérer de ces deux influences.

Structurer le débat

Pour moi, la politique avait toujours été une question de force d’argumentation, le but étant forcément de prendre le dessus dans le débat. Mais je réalisai alors qu’il existait un pouvoir supérieur à celui de savoir remporter une discussion. Il s’agissait du pouvoir de structurer la polémique, d’imposer les paramètres du débat afin d’être sûr de gagner quelle qu’en soit l’issue. Cela peut se résumer au fameux « Face je gagne, pile tu perds ».

Quelques années plus tard, Mike Polignano et moi-même nous rendîmes au cinéma à Berkeley. Avant les bandes-annonces de films à venir, la salle diffusait quelques publicités. L’une d’entre elles évoquait un concours opposant Coca et Coca Light. Je remarquai en souriant, « Voilà un concours que la société Coca-Cola est sûre de gagner ».

Pousser les gens à débattre de questions telles que « Blâmons-nous les Musulmans ou les Juifs ? » est une forme de contrôle politique. Une fois que le débat public entre dans ces paramètres, peu nous en importe l’issue. Les blancs ne peuvent pas perdre.

Pour être plus précis, nous ne pouvons perdre que si nous ne parvenons pas à comprendre la vraie nature de la question, si nous prenons parti trop sérieusement et que nous développons de la rancœur envers nos « rivaux ».

Pour éviter cette issue, il ne faut pas seulement structurer la question, il faut également contrôler les deux partis opposés dans le débat. On ne peut pas simplement écrire la politique comme une pièce de théâtre. On doit également la mettre en scène. Mais il faut avant tout s’assurer qu’aucun des acteurs ne prend son rôle trop au sérieux. Il s’agit d’une bataille nerveuse, pas d’une bataille rangée. Une simulation de combat, pas une guerre. Un homme lance un coup de poing, le second esquive et le responsable des effets sonores produit le bruit d’un coup. Il faut juste que le public y croit. Le présentateur et les intervenants se chargent du reste, ils n’ont plus qu’à convaincre les gens que ce qu’ils voient est réel.

Contrôler la sphère politique en structurant et en mettant en scène le débat politique représente une forme de ce que l’on appelle « hégémonie ».

L’hégémonie

 Le terme « hégémonie » vient du grec hêgemonia qui signifie chef, domination, loi. Mais ce n’est pas une loi comme les autres. Chez les grecs anciens, l’hégémonie faisait référence à un système impérial ou fédéral dans lequel l’hégémon régentait les affaires étrangères et militaires des états conquis tout en leur laissant le soin de s’occuper des affaires domestiques. Pour l’homme de la rue, l’hégémonie apparaît donc comme une forme de domination distante, indirecte et « souple » – bien que les hégémons eussent évidemment le pouvoir de combattre les partisans récalcitrants.

L’hégémonie peut également prendre une forme culturelle. Elle peut assurer son emprise sur toute la sphère politique en modelant les valeurs et les idées qui définiront les paramètres et les objectifs d’une activité politique spécifique, dont le débat. En d’autres termes, l’hégémonie culturelle est une question de « métapolitique ». De ce fait, l’hégémonie est un concept clef du projet métapolitique de la nouvelle droite nord-américaine.

Si le pouvoir politique découle finalement de la puissance du fusil,  la métapolitique détermine qui le tient entre ses mains, qui il vise et pourquoi. Si le pouvoir politique est « rigide » car il se réduit à la force, l’hégémonie politique est « souple » car elle se réduit à la persuasion. (La persuasion est un processus rhétorique qui implique, entre autres, une argumentation rationnelle.)

L’hégémonie juive

L’hégémonie culturelle est le secret de la forme souple du totalitarisme juif, à savoir la « démocratie libérale », qui s’est imposée aux dépens de sa forme plus rigide, le communisme. À l’ouest, nos maîtres ont découvert qu’ils pouvaient conserver un pouvoir total sur toutes les affaires les concernant tout en nous laissant l’illusion du libre arbitre. Comment ? En s’assurant simplement que toutes nos options allaient quoi qu’il arrive en leur faveur.

Dans le chapitre 32 de la genèse, on peut lire qu’après avoir démuni son frère Esaü de son droit de naissance, Jacob fut effrayé d’apprendre que ce dernier se dirigeait vers son camp accompagné de 400 hommes. Il décida donc de diviser son camp en deux, jugeant que si l’un des groupes était attaqué, le second au moins survivrait. Ce faisant, Jacob envoya également une partie de son camp à la rencontre d’Esaü, restant lui-même en retrait. Ses partisans devaient apporter des cadeaux à Esaü mais aussi jouer le rôle d’espions au besoin, et s’infiltrer chez l’ennemi de sorte qu’il y ait des survivants même si le reste du peuple de Jacob venait à être attaqué et détruit.

Cet extrait de l’Ancien Testament est assez représentatif de l’hégémonie juive à ce jour. Au début du 20e siècle, la conscience politique juive était très majoritairement à gauche et soutenait le modèle léniniste d’un totalitarisme dur. Mais alors que leur golem Staline se retourna contre eux, beaucoup de Juifs commencèrent à douter du communisme comme apôtre des intérêts ethniques juifs. Ainsi, pour couvrir leurs arrières, de nombreux anciens communistes juifs (anciens communistes, non pas anciens Juifs) rejoignirent le mouvement conservateur américain et s’y firent rapidement une place qui leur permettrait de redéfinir le conservatisme après la seconde guerre mondiale.

Frank Meyer et Eugene Lyons, deux anciens communistes juifs, sont notamment à compter parmi le nombre surprenant de Juifs ayant influencé la création de la National Review de William F. Buckley. (Sur les créateurs juifs de la National Review, voir « Forgotten Godfathers: Premature Jewish Conservatives and the Rise of National Review » (Parrains oubliés : les premiers conservateurs juifs et la montée de la National Review), American Jewish History (Histoire juive américaine), 87, n° 2 et 3 [Juin-Septembre 1999], pages 123-57. En ligne ici [3] [3].)

La grande majorité des réfugiés juifs appartenaient cependant aux néoconservateurs, la plupart venant de la branche sioniste du mouvement trotskiste, soit le courant le plus ethnocentrique de la faction la plus ethniquement juive du mouvement communiste. (Sur le néoconservatisme, voir les essais de Kevin MacDonald, « Neoconservatism as a Jewish Movement » (Le néoconservatisme comme mouvement juif » et « Neoconservative Portraits » (Portraits néoconservateurs) dans son Cultural Insurrections: Essays on Western Civilization, Jewish Influence, and Anti-Semitism [4] [4] (Insurrections culturelles : Essais sur la civilisation occidentale, l’influence juive et l’anti-sémitisme) [Atlanta : The Occidental Press, 2007]).

Maintenant que les mouvements intellectuels juifs ont redéfini le conservatisme américain pour servir les intérêts juifs sur tous les points importants, peu importe à la communauté juive qui des républicains ou des démocrates remportent les élections.  Oui, la plupart des Juifs préfèrent toujours les démocrates aux républicains. Oui, certains d’entre eux semblent toujours considérer chaque républicain comme une menace existentielle.  Quelques-uns en sont même persuadés. (Mais les Juifs abordent le moindre problème comme si leur survie en dépendait. C’est là une forme de fantasme et d’hystérie qui jusqu’à présent les a bien servis). Mais en vérité, d’un point de vue juif, les deux partis se retrouvent sur tous les problèmes essentiels, et leurs rares différences n’ont aucun impact sur la survie juive. C’est ce que l’on appelle le vrai pouvoir, le pouvoir total et pourtant « souple ».

En corollaire, l’hégémonie juive implique que d’un point de vue de nationaliste blanc, les deux partis principaux sont également similaires sur tous les problèmes essentiels : ils sont opposés à la survie et à la prospérité de notre race. Leurs rares différences n’en font aucune à nos yeux sur le point existentiel le plus important.

Bien sûr, l’hégémonie juive va bien au-delà de ces deux partis politiques et s’étend jusqu’à tous les domaines culturels – éducation, religion, art, littérature, culture populaire, économie, etc. – s’assurant que les blancs restent distraits par un éventail infini d’options, des options qui doivent rester triviales pour ne pas menacer l’hégémonie juive. Voilà ce que nous glorifions sous le nom de « liberté ».

Mais la liberté ne consiste pas en la multiplication d’options triviales. La liberté est d’avoir la possibilité de débattre des options capitales. Et la plus capitale des options pour les blancs est de choisir de quitter la voie de l’extinction pour emprunter celle de la divinité.

C’est un choix que l’hégémonie juive nous refuse. Être « libre » sous l’hégémonie juive se résume à être des esclaves heureux. Pour les blancs, la liberté juive signifie être abreuvé de distractions au point de ne plus exister en tant que peuple. Si nous voulons survivre, nous devons donc nous libérer de l’hégémonie juive.

La politique nationaliste blanche

Comment les blancs en Amérique du nord peuvent-ils reprendre leur destin en main ? Voilà la question autour de laquelle nous organisons ce que nous appelons – dans un espoir délibéré – le « mouvement nationaliste blanc ».

Le modèle de mouvement le plus populaire a été le parti politique, au sein duquel existent deux tendances, les démocrates (tels que le Parti nazi américain, le Parti populiste, l’American Third Position, etc.) et les révolutionnaires (l’Alliance nationale, le Northwest Front). Autrement dit, ceux qui souhaitent prendre le pouvoir en se servant du système et ceux qui veulent renverser le système. Il n’est évidemment pas contradictoire de partager ces objectifs. Le NSDAP et les partis communistes du monde entier en sont témoins. Ils n’en sont pas moins des objectifs différents qui nécessitent des organisations différentes. De ce fait, chaque parti ne peut se concentrer que sur l’une de ces deux options.

En fin de compte, nous devrons acquérir le pouvoir politique, et le garder. Par conséquent, je crois que les blancs ont besoin d’organisations politiques et d’une expérience politique. Je ne me fais pas d’illusions et je ne pense pas que le salut de notre espèce passera par les urnes. (Les loups ne demandent pas aux moutons ce qu’il y aura au souper.) Je ne pense pas non plus que les nationalistes blancs soient capables de faire éclater une révolution ou une guerre de sécession contre le système en place aujourd’hui. Alors que pouvons-nous faire ?

En outre, les partis politiques, qu’ils soient révolutionnaires ou démocratiques, ne sont pas pour tout le monde. Certaines personnes ne répondent pas aux critères de l’adhésion. D’autres n’aiment pas faire partie de groupes hiérarchiques synonymes d’orthodoxies idéologiques, sans parler des « drames » interpersonnels quasi-religieux qui s’y produisent souvent. Comment ces gens-là peuvent-ils servir notre cause ?

Pour finir, la littérature fantastique révolutionnaire et nationaliste blanche de William Pierce et Harold Covington ne séduit pas particulièrement la plupart des Américains, qui ne savourent pas l’idée de sectes bolchévico-révolutionnaires s’emparant du pouvoir, établissant un état gouverné par un parti unique, fusillant tous leurs opposants et galvanisant les autres à coups de propagande. (Personnellement, je trouve les romans de Covington grandement utiles et distrayants. Voir mon analyse ici [5] [5]. Les romans de Pierce sont également intéressants.) Mais si les Juifs ont abandonné le bolchévisme en faveur d’une hégémonie « souple », pourquoi certains nationalistes blancs ne pourraient-il pas en faire de même ?

Une hégémonie nationaliste blanche

Il est trop tôt pour une politique nationaliste blanche. En attendant, nous devons donc nous concentrer sur la métapolitique qui établira les bases pour notre quête de pouvoir politique. La métapolitique se compose de deux éléments : (1) la propagande, soit articuler et diffuser notre message, et (2) la mise en place d’une communauté, soit la création d’une communauté vivant selon notre philosophie actuelle et qui servira de noyau dur au nouvel ordre politique que nous souhaitons établir dans l’avenir.

Quel devrait être notre message ? Entre autres, que les blancs représentent un groupe ethnique distinct avec des intérêts distincts. Que le monde dans lequel nous vivons est le théâtre de véritables conflits ethniques. Qu’il est normal que les blancs soient solidaires dans ces conflits ethniques. Que les sociétés multiculturelles et multiraciales rendent les conflits ethniques et la haine inévitables. Que le meilleur moyen de mettre fin à un conflit ethnique est de créer des patries ethniquement homogènes pour tous les peuples. Qu’il est un impératif existentiel – une question de vie ou de mort – pour les blancs de créer ou de préserver des patries ethniquement homogènes par tous les moyens nécessaires.

Notre objectif ne doit pas se limiter à faire de ces valeurs celles de la droite politique, nous devons en faire celles du spectre politique tout entier – de la culture toute entière – afin que quel que soit le parti gagnant aux élections, notre peuple n’ait plus jamais à craindre pour sa survie. Nous devons faire glisser tout le spectre politique dans la direction blanche.

Notre objectif ne doit pas être un état de droite à parti unique, mais une société pluraliste dans laquelle les débats sur le féminisme, l’avortement, l’environnement, etc. sont toujours les bienvenus. Cependant, ces débats se disputeront exclusivement entre blancs, et aucun groupe blanc ne pourra s’allier aux non-blancs pour prendre l’avantage sur les autres membres de notre famille raciale élargie.

Voici le véritable pouvoir, le pouvoir total tout en étant « souple » : l’hégémonie politique et culturelle blanche. Et il n’y a rien de sinistre à ça. C’est ce qui existait aux États-Unis avant l’ascension de l’hégémonie juive en place aujourd’hui.

Oui, l’hégémonie blanche limiterait doucement nos options et structurerait le débat pour s’assurer une issue racialement bénéfique. Mais la plupart d’entre nous accepte déjà la restriction de nos choix dans l’intérêt général. Pour la préservation des espèces menacées par exemple. Eh bien, les blancs incarnent l’espèce menacée la plus importante de toutes. Nous aspirons à une société dans laquelle tous les choix sont possibles, tant qu’ils ne mettent pas en péril l’existence de notre race sur le long terme.

Diviser pour mieux régner

Comment les nationalistes blancs peuvent-ils mettre en place une telle hégémonie ? Nous devons nous aussi diviser notre camp et nous élargir pour occuper toutes les nuances du spectre politique. Nous devons trouver des moyens de faire entendre notre message à tous les groupes et sous-groupes blancs, car tous les blancs partagent des intérêts raciaux.

Les militants blancs à l’ancienne tendent à cloisonner leur pensée dans une espèce d’appareil idéologique. Ils considèrent que la lutte n’est que politique et que la victoire ne peut se concrétiser que par notre groupe politique prenant le dessus sur le groupe politique opposé. Mais avant d’affronter l’ennemi, nous devons créer notre propre appareil idéologique. Nous devons unifier notre camp.

Ceci mène naturellement à penser que l’existence même d’organisations et d’approches multiples au plaidoyer blanc est une entrave à notre cause, une faiblesse du mouvement que nous devons surpasser.  Ainsi, trop souvent le premier ordre d’action n’est pas d’attaquer l’ennemi mais d’attaquer d’autres groupes pro-blancs dans l’espoir de discréditer leurs dirigeants, de détruire leurs organisations, de faire fuir leurs membres et leurs bienfaiteurs, et de tous les unir derrière un seul et même chef.

La force du chemin métapolitique vers une hégémonie blanche est de faire de la contrainte une vertu, à savoir l’existence d’approches et de groupes multiples (incluant différents appareils idéologiques). Ce genre de diversité nous sera toujours bénéfique, et la combattre est un gaspillage criminel de nos ressources déjà limitées et qui pourraient être utilisées pour s’en prendre à l’ennemi. De plus, le meilleur moyen d’attirer des partisans est d’attaquer l’ennemi de façon efficace, non pas des individus qui sont plus ou moins dans notre camp.

D’après moi, un large éventail d’approches et de groupes nationalistes blancs peut renforcer notre cause de deux façons. Tout d’abord, s’il existe « une seule et bonne façon » de sauver notre race, elle n’a pas encore été découverte, et nous avons plus de chance de la mettre en lumière si nous expérimentons différentes approches. Ensuite, les blancs représentent un peuple varié et notre mouvement se doit de créer des messages capables de séduire tous les électeurs blancs. Plus notre mouvement abordera d’approches différentes au plaidoyer blanc, plus le panel de nos électeurs s’élargira.

La clef pour faire fonctionner la diversité au sein de notre mouvement est de créer des canaux discrets voués à la communication et la coordination entre les camps pro-blancs. L’existence de tels canaux souterrains de coordination maximisera notre impact et minimisera l’effet destructeur des combats internes et les incidents de « tirs fratricides ». Cette forme d’organisation sera le sujet d’un autre article.