Supra-humanisme

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PRESENTATION

Nous sommes à un point crucial dans le temps : un moment de transition aussi important que l’émergence de l’homo sapiens, ou le commencement de la civilisation après la révolution néolithique.

Vers le milieu du XIXe siècle, mais dès lors d’une manière toujours plus pressante – à cause de l’accélération de l’histoire –, l’homme commença à comprendre qu’il devait interagir dans un environnement radicalement nouveau. Il était obligé de se transformer lui-même ainsi que son nouveau milieu – en fait, la planète entière – s’il voulait contrôler les forces qu’il avait déchaînées et continuer son voyage vital.

La nouvelle situation se heurte invariablement aux limitations de notre vision-du-monde. Quel est le but de l’existence humaine ? Le refus de répondre de manière appropriée à cette question, qui revient finalement à une méditation sur l’évolution humaine – pour être plus précis, sur la signification de l’histoire – est ce qui caractérise le système qui gouverne l’Occident depuis 1945. En fait, plus le paradigme inspirant notre civilisation est appliqué avec cohérence, plus les problèmes tendent à s’aggraver. Paradoxalement, le triomphe de l’Occident – également appelé ‘mondialisation’ – signifie la mort de l’Europe et de l’homme européen.

La postmodernité peut être définie comme un interrègne : une période d’attente durant laquelle le destin est suspendu entre deux options : soit achever le triomphe de la conception égalitaire du monde, la fin de l’histoire, soit promouvoir une régénération historique.

Nietzche prophétisa que la Terre appartiendrait finalement au dernier homme, ou au surhomme. Il n’y a pas d’autre alternative.

KURWENAL

SUPRA-HUMANISME

(extraits)

…Il n’y a pas si longtemps, un penseur libéral, Francis Fukuyama, proclama d’une manière triomphante la fin de l’histoire. D’après lui, grâce à l’hégémonie générale du modèle américano-occidental nous sommes sur le point d’atteindre une solution pacifiée à tous nos problèmes. L’avènement de la démocratie libérale pourrait signaler le point final de l’évolution socioculturelle de l’humanité et l’arrivée de la forme finale du gouvernement humain…

…Au contraire, il semble plutôt que notre culture et nos sociétés soient en déclin depuis un certain temps et qu’elles semblent dernièrement se diriger vers une catastrophe sans précédent. La raison de ce déclin – se manifestant chaque jour par la manière maladroite dont sont traitées des crises comme l’explosion démographique mondiale, l’épuisement des ressources naturelles, les migrations de masse, les menaces dysgéniques, les désastres écologiques, les menaces nucléaires et les désordres financiers – est l’absence d’une réponse à l’affligeante nouvelle série de circonstances et de défis identifiés ci-dessus…

…L’homme transforme son environnement radicalement, mais en même temps refuse de devenir pleinement conscient des implications de ce changement. Il refuse de se changer lui-même. C’est la raison pour laquelle il perçoit les transformations du monde contemporain comme une sorte de contrainte externe qui le submerge et l’aliène…

…Nous sommes à la fin d’un processus. Ce qui a été fondé durant la révolution néolithique est peut-être arrivé à son terme. Dans ces circonstances, le choix est à la fois simple et effrayant. L’homme ira-t-il en avant et plus loin ? Relèvera-t-il le défi ? Ou retournera-t-il à une condition moins-qu’humaine ? En d’autres termes, le choix doit être fait entre progrès et régression : le super-homme ou le sous-homme…

…Les sociétés décadentes ne savent plus aimer ou haïr – elles sont devenues tièdes, parce que la vie est en train de les abandonner. Leur force vitale est déjà presque dissipée… Cette force peut prendre des noms différents. Dostoïevski l’appelait « Dieu » et disait que quand une culture perd son Dieu elle ne peut qu’agoniser et mourir. Le terme « Dieu » est trop restrictif – trop « occidental » pour bien définir ce qui constitue la force vitale d’une société. Le divin n’est qu’un élément, un aspect de quelque chose qu’il serait préférable de nommer – dans toute sa complexité – le Mythe…

…Le Mythe est la force historique qui donne naissance à une communauté, l’organise et la propulse en avant vers sa destinée… Un mythe a aussi sa vision distincte de l’histoire. La communauté qu’il organise est un organisme situé – en même temps – dans le passé, le présent et le futur. Une telle communauté peut alors être appelée un peuple. Un mythe, dans ce cas, peut aussi être décrit comme une image qu’un peuple a de son propre passé d’après le futur choisi comme destin… L’histoire nous enseigne que chaque peuple, chaque civilisation a son propre mythe. La société occidentale, dans laquelle nous sommes nés et vivons maintenant, eut son origine dans le grand œcoumène du christianisme : elle a été formée et modelée par le mythe judéo-chrétien. Ce mythe – et son Dieu – est mort depuis longtemps…

…Si une nouvelle Europe doit un jour apparaître dans le futur plus ou moins proche – et concevoir une réponse qui pourra résoudre le défi actuel et offrir une perspective d’atteindre le prochain stade de l’évolution humaine – elle ne pourra exister qu’en étant dirigée et organisée par un nouveau mythe de fondation : un mythe qui sera radicalement étranger à tout ce qui est à la mode aujourd’hui… Ce nouveau mythe existe déjà. Avec la nouvelle conscience historique qui l’établit, il émergea dans la seconde moitié du XIXe siècle et continua de se manifester – par toute une série de représentations artistiques, culturelles et politiques – dans notre époque actuelle…

…L’œuvre philosophique de Friedrich Nietzsche, et la production artistique et métapolitique de Richard Wagner, inaugurèrent ce nouveau courant de pensée – que nous avons choisi d’appeler supra-humanisme : le seul qui peut être défini comme authentiquement révolutionnaire, puisqu’il représente un retour à une origine primordiale qui était complètement oubliée et, en même temps, le début d’un destin nouveau, exaltant et inconnu – la régénération de l’histoire.

…Une force animatrice particulière, un esprit judéo-chrétien, a traversé et même modelé la vision, le discours et les valeurs qui représentent aujourd’hui la conscience occidentale. Le caractère définissant de cet esprit est égalitaire. Il a exprimé une volonté égalitaire, une mentalité égalitaire – instinctive au début mais de plus en plus consciente d’elle-même jusqu’à ce qu’elle soit devenue, à notre époque actuelle, pleinement consciente de ses aspirations et de ses buts finaux…

…La civilisation occidentale est condamnée parce que l’utopie égalitaire qui l’a inspirée pendant les deux derniers millénaires est en contradiction avec les exigences de la société moderne. Intoxiqué par cette utopie, l’homme européen ne peut plus assumer le contrôle du destin du monde, ni être le créateur d’un nouveau futur…

…Les différentes religions chrétiennes – les idéologies libérale, parlementaire, socialiste, communiste ou anarcho-communiste – sont des manifestations successives du même principe égalitaire. Elles apparurent dans un certain ordre historique, mais elles demeurent présentes d’une manière ou d’une autre – toutes tendant, avec des degrés de conscience différents, au même but. Toutes contribuent à la décadence spirituelle et matérielle de l’Europe, à la dégradation progressive de l’homme européen et à la désagrégation des sociétés occidentales. Cela a donné naissance au nihilisme plus ou moins conscient qui imprègne aujourd’hui notre culture, et à la formation d’une gigantesque « masse d’esclaves » – aliénée et dépourvue de tout but : le dernier homme…

…Un système idéologique – une vision particulière du monde – donne dès le début un sens à toutes ses composantes. Dans cette perspective, on pourrait dire que l’homme « crée » le monde par la manière dont il le regarde : qu’une vision collective du monde « forme » une société en l’in-formant. C’est pour cette raison que le monde global occidental contemporain, dans toutes ses caractéristiques définissantes – le règne de la quantité contre la qualité, le consumérisme débridé, la culture de masse, une société d’individus atomisés dépersonnalisés et la prédominance juive, en particulier dans la production du discours idéologique – peut être considéré comme la manifestation finale et le résultat logique de l’égalitarisme…

…L’Occident connait une immigration massive venant du Tiers Monde et possédant des taux élevés de fécondité, avec en même temps des taux de natalité blancs au-dessous du niveau de remplacement. Comme le craignait Lothrop Stoddard, une marée montante des peuples de couleur est en train de submerger l’Occident ; et c’est le sentiment de culpabilité envers le Tiers Monde qui est la principale cause de l’immigration de masse dans les pays occidentaux. La comparaison avec le Japon mérite l’attention, car ce pays d’Extrême-Orient connaît les mêmes conditions économiques que l’Europe ou les USA, mais a réussi à contrôler les flux migratoires remarquablement bien…

…L’an 1800 de l’ère chrétienne pourrait être considéré comme un point de jonction historique, car à ce moment deux événements – la Révolution Industrielle et la Révolution Française – survinrent en même temps et produisirent une vertigineuse accélération de l’Histoire. L’industrialisation et la technologie en développement – qui multiplièrent d’une manière exponentielle la volonté-de-puissance de l’homme occidental – se combinèrent avec l’égalitarisme « démocratique » et inaugurèrent la société de masse…

…Le supra-humanisme ne reproche pas au christianisme de défendre les faibles qui sont injustement opprimés. Il lui reproche de les exalter dans leur faiblesse et de la voir comme le signe de leur élection et leur titre de gloire.

…Toutes les disputes et controverses de notre époque peuvent être ramenées à une question fondamentale – le sens de l’histoire, le but et la signification des phénomènes historiques. Consciemment ou inconsciemment, ouvertement ou non, il y a toujours la question : qu’est-ce que l’histoire ? D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? A quoi sert-elle ? Notre époque donne deux principaux types de réponses à ces questions – rigoureusement antagonistes et contradictoires. Ils reflètent aussi une anthropologie implicite et antagoniste, du fait qu’ils présupposent des questions sur la destinée humaine : qu’est-ce qu’être humain ?  Quel est le but de l’existence humaine ?…

…Dans les limites de la connaissance actuelle, la réalité peut être appréhendée à quatre niveaux différents : microphysique (l’énergie élémentaire) ; macro-physique (la matière) ; biologique (les systèmes organiques) ; et humain (la conscience de soi-même). Ces quatre aspects de la réalité s’interpénètrent ; cependant, ils sont loin d’être identiques. L’homme participe aux quatre niveaux : curieusement, il vit à leur intersection. Il est énergie, matière et vie – mais il est aussi quelque chose d’autre. Ce « quelque chose d’autre » donne à l’homme sa spécificité…

…L’idée d’une fin de l’histoire pourrait sembler très moderne. En fait, ce n’est pas du tout le cas. En examinant les choses plus attentivement, on réalise que cette idée n’est rien de plus que le résultat logique d’un courant de pensée vieux d’au moins deux mille ans – une tendance qui durant tout ce temps a dominé et modelé ce que nous avons fini par nommer la « civilisation occidentale »…

…La conception supra-humaniste de l’histoire n’est plus linéaire, mais plutôt tridimensionnelle : inextricablement liée à cet espace unidimensionnel qui est la conscience de chaque être humain. Chaque conscience humaine est l’espace occupé par un présent. Ce présent est tridimensionnel, et les trois dimensions – existant en même temps comme les trois dimensions de l’espace physique – sont l’actualité, le passé et le futur…

…Des concepts comme « régression », « conservation » ou « progrès » perdent leur sens dans le discours supra-humaniste et sont parfois confondus. Dans l’unidimensionnalité où nous projetons la sphère historique, celle-ci forme un cercle – un éternel retour – où tout « progrès » est aussi une « régression ». Ici se trouve l’énigme proposée par Nietzsche avec les mythèmes de l’Eternel Retour et du Grand Midi. L’identique qui revient est celui d’un ordre biologique, et n’est identique que d’un point de vue matériel, et non historique ; d’autre part, l’historique est la diversité – l’apparition de nouvelles formes qui pourraient provoquer la rupture du temps (Zeitumbruch) et régénérer l’histoire…

…Quelle est alors l’alternative offerte aux hommes de notre époque ? Nietzsche disait que le choix était entre le dernier homme – l’homme de la fin de l’histoire – et le saut vers le surhomme : la régénération de l’histoire. En fin de compte, le résultat dépendra de nous – des hommes et des femmes européens –, par le choix que nous ferons entre ces deux options. Pour nous, la décision historique est toujours et en même temps un appel au réveil adressé au passé, à une origine oubliée ou perdue ; une décision de dépasser un présent décadent ; et d’entreprendre un projet futur qui n’a jusqu’ici jamais existé – parce qu’il est supra-humaniste.

…L’exercice de cette authentique liberté par l’homme n’est rien d’autre que l’histoire. L’histoire restaure pour chaque vie humaine, sous une forme toujours renouvelée, la condition originelle de l’homme en relation avec la vie : la nécessité de choisir. L’homme doit toujours se créer lui-même, s’inventer lui-même – parce qu’à toutes les époques l’équation humaine demeure la même. En cela consiste l’ambivalence de la culture. On pourrait dire que la culture est la nature de l’homme…

…L’homme est un animal social. Pour se réaliser lui-même, il doit se créer lui-même et créer sa société. En relation avec cette autocréation, les individus incarnent et réalisent des valeurs différentes. L’« homme-masse » et le « héros fondateur » peuvent être considérés comme les extrêmes à l’intérieur du paramètre sociologique qui mesure la valeur historique des êtres humains…

…Lorsqu’une culture ne répond plus à ce besoin humain, une société de masse chaotique se forme et ses membres – dépourvus d’un « type » culturel auquel s’identifier – deviennent une foule, une populace. Alors vient le moment où un héros fondateur, conscient de la décomposition de sa société et de sa culture, peut émerger et entreprendre la révolution requise : un acte de conservation par lequel la nature humaine, mortellement menacée, peut être préservée…

…Une culture est alors la « nature » que l’homme sélectionne et se donne à lui-même. C’est la nature humaine actualisée comme telle, et ainsi réalisée. Et ce choix est le premier « fait historique ». Le primate devint homme en entrant dans l’histoire. En fait, l’anthropologie serait en grave difficulté si elle tentait de différencier radicalement entre l’homme et le primate, son plus proche ancêtre, si elle ne prenait pas en compte l’historicité de celui-ci…

…L’homme ne devrait pas simplement être lui-même et se conformer à sa propre « nature ». Il devrait encore chercher à se donner une « surnature », à acquérir une surhumanité : cette surhumanité que le monothéisme judéo-chrétien doit justement l’empêcher d’acquérir…

…Fondée sur la vigueur et la force expansionniste transmises par ce patrimoine idéologique et conceptuel, la culture indo-européenne devint la matrice de toutes les civilisations européennes historiques. Nous faisons partie de ses derniers rejetons… Il n’est pas exagéré de dire que le fait indo-européen devient tel seulement en nous et à travers nous. C’est la projection de nous-mêmes dans le passé ; c’est en même temps le mythe réinventé à travers lequel nous nous projetons dans le futur…

…La réappropriation de nos racines les plus profondes entraîne logiquement la redécouverte, la valorisation et la défense de notre identité en tant qu’Européens. Par exclusion, nous pourrions décider de ce qui est « originellement » à nous – c’est-à-dire ce qui a été créé par nous, et ce qui est en harmonie avec notre propre perception du monde, notre propre psyché – et de ce qui ne nous appartient pas, mais a été incorporé à un stade ultérieur et qui manque d’authenticité. Si les deux héritages du monde européen, l’héritage chrétien-sémitique et l’héritage indo-européen, se révèlent inconciliables, c’est à nous – les héritiers actuels – de décider de ce qui nous appartient, de ce qui est véritablement originel, et de ce qui ne l’est pas…

…De plus, dans un monde qui est devenu planétaire – et où l’Europe, qui risque de perdre son identité et son indépendance, est condamnée à transformer son unité ethnoculturelle séculaire en un ensemble organique – la redécouverte de nos racines communes, de notre affiliation avec le passé indo-européen, a une immense importance politique comme mythe de fondation d’une communauté de destin des peuples européens. Une synthèse – politique, idéologique et philosophique – capable de sauvegarder la civilisation européenne – ne peut être réalisée qu’en retournant à la source primordiale : à la pierre angulaire de l’humanité européenne – le cœur de notre spécificité humaine. C’est là que les archétypes de notre psyché peuvent être réactivés.

…Le besoin tragique de dépassement de soi a été identifié comme la seule voie par laquelle l’homme et sa présence dans le monde peuvent s’ennoblir, et cela est devenu l’élément principal de notre éthique supra-humaniste. C’est ce que les anciens Grecs appelaient l’aretè, la quête de l’excellence : le fait de vivre en accord avec son plein potentiel…

…Puisque toute affirmation, toute vérité est humaine – et puisque chaque humain possède une perspective unique sur les choses et sur le monde –, alors toute vérité est arbitraire. L’homme doit néanmoins s’affirmer, et cela n’a aucun rapport avec le relativisme nihiliste. D’après l’illusion égalitaire, toutes les perspectives devraient être équivalentes ; cela entraînerait l’anarchie et la paralysie. D’un point de vue supra-humaniste, une perspective est nécessairement supérieure à une autre, de plus grande valeur qu’une autre. A tout moment, le destin de l’humanité doit être décidé dans la perspective la plus large – la plus haute, celle qui contient toutes les autres et les organise hiérarchiquement. C’est la perspective de l’homme supérieur. C’est seulement si l’égalitarisme et le dernier homme devaient imposer un nivellement général de l’humanité qu’une seule perspective existerait : une vérité absolue, et misérable…

…L’homme fait partie du tout, et sa conscience est une manifestation d’une conscience universelle et immanente – le « feu » d’Héraclite, l’energheia d’Aristote, l’« essence primordiale » de Goethe, ou la « force de vie » de Bernard Shaw. Son but naturel est celui du cosmos – l’autoréalisation – et il la sert au mieux en tendant vers des niveaux d’existence toujours supérieurs, toujours plus conscients, biologiquement et spirituellement…

…Aujourd’hui nous possédons les moyens – fournis par ce qui est sorti des biotechnologies, des sciences cognitives, de la robotique, des nanotechnologies et de l’intelligence artificielle – de diriger l’évolution de l’humanité vers un niveau supérieur. Cependant, nos sociétés semblent plutôt vouloir défaire le résultat de 100.000 ans d’évolution humaine. Cela indique le besoin d’un changement de direction radical et brutal. Le défi est maintenant à un niveau politique et philosophique : la question n’est plus de trouver le savoir-faire, mais d’acquérir un sens de l’orientation…

…Quelle est donc la signification de la vie ? Puisque l’homme est la nature devenue consciente d’elle-même, c’est à lui d’établir la signification de la vie. Puisqu’il est appelé à hériter de la Terre, ce nouveau dieu ne peut pas se contenter de rester lui-même. Il doit plutôt devenir le fruit d’une création consciente, en préférant le surhomme au dernier homme.

…Puisque la production historique a une infrastructure biologique, toutes les questions concernant l’amour, le sexe, le mariage, la famille, l’ascendance, le genre et la race méritent notre attention. Elles conditionnent les fondations génétiques de la société : son identité ethno-anthropologique ; le nombre d’êtres humains et leur qualité ; la forme de la cellule familiale – et la hiérarchie sociale…

…L’« humanisme » se trompe dans ses dimensions spatiales et temporelles : l’espèce humaine est diverse et inégale, aussi bien dans ses groupements génétiques que dans les individus à l’intérieur de ceux-ci ; et l’espèce humaine, comme toute vie organique, est soumise aux lois de l’évolution. De plus, l’évolution de l’espèce humaine – sa phylogénie – n’est peut-être pas encore terminée. Cette dernière considération – ainsi que le fait que la vie est un continuum, qu’il y a une distribution graduelle de la conscience parmi les êtres sensibles – voilà ce qui offre la possibilité d’une évolution des hommes en êtres supra-humains, toujours plus conscients de la réalité environnante, et de leur propre existence…

…Nous en savons maintenant assez sur les différences cognitives et comportementales, biologiquement enracinées, entre les races de l’humanité, pour pouvoir dire avec confiance que la race affecte et modèle profondément la vie culturelle. Cependant, rien d’anomal n’est impliqué par cela. Ayant précédemment défini la « nature humaine » comme la culture dans l’espace, il pourrait difficilement en être autrement. La « nature » détermine le cadre à l’intérieur duquel la culture peut s’exprimer ; cependant, elle ne détermine pas sa forme. C’est pourquoi la relation entre la race et la culture est une relation de potentialité. La race (humaine) est la matière première de l’histoire : en elle-même insuffisante pour créer la civilisation, mais certainement nécessaire pour le faire…

…La possibilité de trouver une réponse vraiment avancée aux défis de la mondialisation, dans la direction d’une conscience supérieure et de formes de vie supérieures, passe donc par la survie de la bio-culture (la race) européenne en tant qu’agent collectif du progrès, par la sauvegarde de ses caractéristiques uniques, et par son rehaussement. Cependant, si de nouvelles générations ne renouvellent pas leur lien avec le mythe identitaire – si elles ne parviennent pas à actualiser et à promouvoir le sens d’un projet qui rappelle le passé –, l’Europe ne sortira pas de sa narcose actuelle. Les peuples a-historiques sont destinés à périr…

…Qu’est-ce que la vie ? Toute œuvre d’art authentique et réussie répond à cette question d’une manière unique. C’est pourquoi les principes de l’art sont inextricablement liés aux lois de la vie. C’est pourquoi un dogme esthétique peut promouvoir ou affaiblir des forces vitales ; et une image, une symphonie, un poème ou une statue sont aussi capables de pessimisme ou d’anarchie, d’être chrétiens ou révolutionnaires, que le sont une philosophie ou une science…

…Le plus grand art est celui dans lequel les principes aristocratiques (au sens étymologique : aretè, règne du meilleur) de culture, de sélection, de précision et de simplicité sont incarnés. Cet art ne peut s’épanouir que dans une société où l’ordre aristocratique est observé…

…Quand les masses se transforment en communauté – manifestant une communauté de préoccupations spirituelles, au lieu du principe diviseur de l’intérêt matériel –, la culture populaire devient nationale : la culture du peuple [folk culture]…

…Aujourd’hui, la culture occidentale capitaliste, qui commença son déclin durant l’ère victorienne, en est venue à élever la culture prolétarienne de manière à en faire une esthétique dominante de l’ordure. Hollywood ne représente pas une haute culture, ni même une culture euro-américaine. Il représente l’esprit  « plébéien ». C’est le médium parfait pour ceux qui adhèrent à la finance internationale : l’« Art du Big Business ».

…Dans une société multiraciale, les standards et les traditions sont abandonnés. Les standards européens sont forcément trop « eurocentriques » ; aucun groupe ne peut imposer ses standards à un autre – ni même maintenir ses propres traditions pendant longtemps. Dans la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, la littérature, et les arts décoratifs, il n’y a plus de « centre ». La continuité de milliers d’années est brisée. C’est le chaos…

…L’amour n’est pas caritas mais eros : l’amour sexuel ; la fusion et la transcendance d’opposés complémentaires, d’êtres de même sang – ré-union et re-découverte qui seule peut engendrer la totalité et la perfection des êtres humains. La vie, dont l’amour est la loi suprême, est une éternelle alternance : « tout ce qui vit, meurt ». C’est la loi de la vie et pour un être doté de conscience de lui-même, c’est à lui d’accepter et d’affirmer la vie, sans chercher refuge dans l’oubli ou l’illusion : c’est-à-dire atteindre, au-delà de la vie elle-même, la dimension tragique de l’histoire, obtenir la véritable humanité – la « divinité », qu’aucun animal ne pourra jamais posséder. C’est le message que la beauté et l’amour nous offrent émotionnellement – par leur représentation la plus vivante, l’art.

…La techne (le développement technologique) – l’appropriation et le contrôle d’un environnement au moyen de la technique – peut être considérée comme un trait définissant le « spécifiquement humain ». Elle est la compagne inévitable du progrès de la connaissance humaine ; cependant, elle décrit aussi quelque chose qui a été conçu et développé d’une manière particulière dans un contexte purement indo-européen…

…La modernité est ambigüe. Comme le dieu romain Janus, elle présente deux visages : l’un est celui d’un vitalisme faustien et aventureux : un transformateur de la nature organique ; l’autre est celui d’une idéologie homogénéisante et inorganique visant à standardiser la planète entière, mettant fin à l’histoire. C’est pourquoi il est nécessaire de distinguer les différentes modernités qui apparurent à la fin de la Renaissance…

…La volonté de puissance qui se cache dans la technologie – latente et inconsciente, présente mais cachée – peut devenir consciente et dominante : une volonté sans but faisant place à une volonté avec un projet. Tel serait un « retour à la Grèce antique » : la réconciliation entre la science et la philosophie, entre la technologie planétaire et la poiesis, entre instrumentalité et spiritualité. Le sacré reviendrait à son origine – dans la conscience humaine en tant que partie intégrante de la nature…

…Dans l’eugénisme de Galton – fondé sur l’idée d’évolution, et sur la supposition que la volonté humaine est dans une certaine mesure, si petite soit-elle, capable de guider son cours –, il est possible de voir un premier stade de la réalisation scientifique des rêves de Nietzsche…

…Le problème environnemental est réel. La question n’est pas de savoir qui est pour ou contre la pollution, la dégradation environnementale ou le réchauffement du globe. Personne n’est pour. Face aux problèmes causés par la transformation de l’environnement, nous devons savoir si des solutions peuvent être trouvées en allant de l’avant par un « dépassement », ou en revenant en arrière par une « régression ». L’illusion « naturaliste » maintient que l’homme devrait cesser de transformer le monde. La position supra-humaniste appelle l’homme à se transformer lui-même afin de reprendre possession du monde transformé par lui…

…La nature comme entité abstraite n’a pas d’existence indépendante de ses manifestations : nous-mêmes. La nature, c’est nous. La vie est une structure pyramidale aristocratique. Nous ne pouvons pas survivre sans terre, sans eau, sans air… En même temps, toute communauté, toute organisation a besoin d’un leader. L’homme en tant qu’espèce est la plus haute forme organique sur terre. Qui devrait diriger la Terre, sinon lui ? Nous ne pouvons pas reconnaître de plus haute agence ; nous avons toute la responsabilité concernant cette planète. Ce n’est pas en laissant les choses suivre leur « cours naturel » – ni en tentant de revenir à un utopique « état de nature » – que les problèmes environnementaux seront résolus.

Source: http://www.suprahumanism.com/about.html [2]