Notes sur Moïse l’Egyptien

Jan Assmann [1]

Jan Assmann

2,857 words

English original here [2]

Note de l’auteur :

Le texte suivant est une expérience. C’est la première d’une série de « notes » sur des chapitres choisis du livre de Jan Assmann, Moïse l’Egyptien [3]. Mes principaux buts sont d’encourager plus de gens à lire le livre et de les préparer à le lire. 

Stylistiquement, ces notes sont plus denses, plus répétitives, et contiennent plus de listes que je ne le fais d’habitude dans mes écrits publiés.

Elles sont denses parce que je n’ai pas le temps de pleinement développer chaque point (bien qu’il y ait toujours les liens de discussion). Elles sont répétitives et contiennent des listes dans un but pédagogique. Je trouve ces notes utiles à la première lecture pour indiquer la bonne direction, mais très ennuyeuses lors de relectures ultérieures.

Considérez cela comme un séminaire online sur Moïse l’Egyptien. Si cette formation marche, je l’appliquerai aussi à d’autres textes-clef.

Dans le premier chapitre de Moïse l’Egyptien, « Histoire de la mémoire et image de l’Egypte », Jan Assmann avance les éléments de son argumentation, que j’ai discutés assez longuement dans mon article précédent [4] :

  1. religion vs. contre-religion
  2. religion identifiée au polythéisme et au cosmothéisme, contre-religion identifiée au monothéisme biblique
  3. inversion normative, désignant le processus par lequel les contre-religions créent des  valeurs en inversant (en profanant) les valeurs des religions
  4. Egypte vs. Israël, l’Egypte étant le pays paradigmatique du polythéisme, Israël étant le paradigme du monothéisme dont le concept du sacré fut atteint par l’inversion normative des idées égyptiennes du sacré
  5. Akhenaton et Moïse comme les créateurs des contre-religions monothéistes qui furent associées aux mythes égyptiens et qui ont pu être liés dans l’histoire
  6. tolérance religieuse et loi  internationale fondées sur l’idée cosmothéiste d’un ordre divin commun derrière des religions différentes vs. intolérance religieuse et hostilité  internationale qui proviennent de . . .
  7. . . . la « distinction mosaïque » entre vraies et fausses religions (lesquelles doivent être supprimées)
  8. le dieu créateur transcendant du monothéisme biblique vs. le dieu immanent  panthéiste ou panenthéiste du « cosmothéisme », qui enseigne qu’un seul dieu caché — qui se manifeste sous la forme de la diversité de dieux et de mortels particuliers, et de la nature dans sa totalité — habite la nature comme une âme habite le corps.

Assmann compare son livre à un kaléidoscope, où tous ces éléments sont placés dans un tube,  et chaque chapitre consiste en une nouvelle « secousse » qui replace ces éléments dans un modèle différent.

Le chapitre 2, « Histoire supprimée, mémoire refoulée », commence par le fascinant survol par Assmann des anciens récits égyptien et gréco-romain de l’exode qui contiennent clairement des traces de souvenirs occlus du règne d’Akhenaton, qui fut associé à deux traumatismes.

  1. Akhenaton proclama que le dieu Aton, représenté par le disque solaire, était le seul vrai dieu, et il ferma les temples des autres dieux et supprima leur culte, coupant le  peuple de l’ordre divin tel qu’ils l’avaient approché pendant des millénaires.
  2. A la fin du règne d’Akhenaton, une peste envahit le Proche-Orient. Cette peste fit rage pendant 20 ans, tua une immense quantité de gens, et déstabilisa l’ordre politique et le paysage international.

Après la mort d’Akhenaton, les anciens dieux furent restaurés, et le nom et les actions d’Akhenaton furent si complètement supprimés des archives égyptiennes qu’il fut oublié par l’histoire pendant plus de 3.000 ans.

Cependant, les égyptologues ont affirmé plausiblement que des traces de souvenirs du règne d’Akhenaton ont survécu. Manéthon était un prêtre et historien égyptien qui vécut dans la première moitié du troisième siècle avant l’ère chrétienne, sous le pharaon macédonien Ptolémée II. Des extraits de l’œuvre historique de Manéthon furent préservés par l’auteur juif Flavius Josèphe (premier et second siècles après J.-C.) dans son livre Contre Apion [5], une  défense du judaïsme contre ses critiques égyptiens et grecs.

D’après Manéthon, Moïse était un prêtre égyptien d’Héliopolis, connu sous le nom d’Osarsiph. Le roi Amenhotep [également appelé Aménophis, NDT] – qui est le nom originel d’Akhenaton ainsi que de son père – désirait percevoir les dieux directement. Les Egyptiens pensaient que les dieux étaient cachés, et que le pharaon ainsi que les cultes religieux avaient été établis comme leurs représentants visibles. Le désir de voir les dieux directement, par conséquent, était implicitement révolutionnaire, puisque cela rendrait inutiles l’« Eglise » aussi bien que l’« Etat ».

Pour révéler les dieux, le sage Amenhotep, fils d’Hapou (une figure historique connue), conseilla au roi de purger le pays des lépreux. Le roi avait envoyé 80.000 lépreux travailler dans les carrières du désert oriental. Parmi les lépreux se trouvaient des prêtres. On ne sait pas clairement s’ils étaient lépreux eux-mêmes ou simplement des prêtres envoyés pour les guider. Mais le sage prévit une punition divine pour ce traitement des malades : ils recevraient de l’aide de l’extérieur, conquerraient l’Egypte, et règneraient pendant 13 ans. Craignant de dire cela au roi, le sage mit sa prophétie par écrit et se suicida.

Quelque temps après, le roi permit aux lépreux de s’établir dans la ville désertée d’Avaris, qui avait été la capitale des Hyksos, les envahisseurs sémitiques qui avaient dominé l’Egypte pendant plus d’un siècle avant d’être expulsés, environ 200 ans avant l’époque d’Akhenaton. Dès qu’ils furent installés à Avaris, les lépreux choisirent Osarsiph, un prêtre d’Héliopolis, comme chef. Osarsiph proclama alors de nouvelles lois basées sur le principe de l’inversion normative. Tout ce que les Egyptiens tenaient pour sacré était maintenant condamné, et tout ce qu’ils condamnaient devait être tenu pour sacré. Ses adeptes reçurent aussi la consigne de se tenir à l’écart des autres peuples. Osarsiph fortifia Avaris, demanda aux Hyksos de revenir, puis attaqua l’Egypte. Le roi Amenhotep se retira en Nubie avec les animaux sacrés de l’Egypte. Les lépreux/Sémites dominèrent l’Egypte pendant 13 ans, commettant toutes les abominations contre-religieuses. Puis le roi Amenhotep et son petit-fils Ramsès revinrent et chassèrent les lépreux/Sémites d’Egypte. Osarsiph, leur chef, prit le nom de Moïse, et ainsi commença l’errance des Juifs.

Dans cette histoire, trois traumatismes historiques égyptiens sont recombinés : l’invasion des Hyksos sémitiques, l’hérésie d’Akhenaton, et la grande peste qui s’ensuivit.

  1. Les Egyptiens associaient naturellement les Hyksos et les Juifs, puisque les deux étaient des Sémites.
  2. De plus, bien que les Hyksos adoraient Baal et d’autres dieux, un roi hyksos, Apophis, adorait seulement Baal, que les Egyptiens identifièrent à Seth et les Grecs à Typhon.
  3. Ainsi Avaris fut associée dans l’esprit égyptien aux envahisseurs sémitiques, aux dieux de l’orage, et au monothéisme (ou du moins à la monolâtrie – le culte d’un dieu seulement).
  4. Après l’époque d’Akhenaton, les Egyptiens commencèrent à regarder Seth moins comme un dieu que comme un contre-dieu – une figure démoniaque.
  5. Plutarque rapporte aussi une tradition égyptienne qui identifiait les Juifs aux enfants de Seth.
  6. Il se peut même que les Hyksos et les Juifs aient été le même peuple, car la domination hyksos pourrait très bien être la réalité historique derrière l’histoire biblique de Joseph, qui parvint au pouvoir en Egypte et commanda à son peuple de dépouiller les Egyptiens jusqu’à l’os, mais dont la domination fut interrompue par un pharaon patriotique « qui ne connaissait pas Joseph » et libéra son peuple de ses parasites étrangers.

L’histoire d’Osarsiph est aussi clairement apparentée à celle d’Akhenaton.

  1. L’hérésie d’Amarna eut lieu entre le règne d’Amenhotep III (père d’Akhenaton) et l’accession au trône de Ramsès I, le fondateur de la 19e dynastie.
  2. Les deux pourraient même avoir été parents comme grand-père et petit-fils, bien que la fondation d’une nouvelle dynastie indique que cette parenté ne pouvait être que matrilinéaire.
  3. En tous cas, la restauration des anciens dieux eut lieu sous le règne d’un petit-fils connu d’Amenhotep, c’est-à-dire Toutankhamon (dont le nom fut plus tard supprimé avec celui d’Akhenaton).
  4. Il est aussi significatif qu’il n’y ait pas de mention du fils d’Amenhotep, puisque le fils d’Amenhotep III était Akhenaton le « proscrit ».
  5. Osarsiph était un prêtre d’Héliopolis, un centre du culte du soleil, et la religion d’Aton d’Akhenaton porte des traces de la théologie solaire d’Héliopolis.
  6. Le mouvement vers Avaris correspond au départ d’Akhenaton de Thèbes pour aller fonder sa nouvelle capitale Akhnaton.

L’association avec la lèpre appelle quatre choses à l’esprit :

  1. la peste qui commença à la fin du règne d’Akhenaton
  2. les grotesques représentations d’Akhenaton et de sa famille – dont certaines étaient encore visibles pour les voyageurs sur la stèle de fondation martelée de sa capitale désertée
  3. le sens métaphorique des lépreux comme des parias
  4. Pour les fidèles d’Osarsiph, leur statut de parias fut renforcé par son propre commandement qu’ils seraient désormais un peuple qui resterait à part.

Après la fin de l’hérésie d’Amarna, il serait naturel de se représenter Akhenaton régnant sur une colonie de lépreux s’adonnant à des sacrilèges et des abominations systématiques. Même la période de 13 ans est à peu près exacte, puisque Akhenaton fut la capitale pendant les 12 dernières années du règne d’Akhenaton, plus le règne des deux successeurs éphémères Nefernéferouaton [fille d’Akhenaton, NDT] et Sémenkharé, jusqu’au retour à Thèbes sous Toutankhamon.

Assmann identifie d’autres chevauchements entre les versions égyptienne, grecque et romaine du récit de l’exode :

  1. Hécatée d’Abdère (grec, IVe siècle av. J.-C.)
  2. Lysimaque (grec, IIe siècle av. J.-C.)
  3. Chérémon (égyptien, Ier siècle av. J.-C.)
  4. Pompeius Trogus (romain, Ier siècle av. J.-C.)
  5. Atrapanus (juif, IIe siècle av. J.-C.)
  6. Tacite (romain, Ier-IIe siècles apr. J.-C.)
  7. Apion (égyptien, Ier siècle apr. J.-C.)
  8. Strabon (grec, Ier siècle av. J.-C.).

En tout, il y a plus d’une douzaine de tels récits, qui parlent toujours de l’expulsion des Juifs et les associent à la maladie, à la subversion, à la misanthropie, et à la création d’une religion par l’« inversion normative », signifiant la profanation de tout ce que les Egyptiens tenaient pour sacré.

En passant en revue cet ancien consensus gentium [= consensus non-juif] sur les Juifs, Assmann évite assez absurdement la question de la vérité, affirmant qu’on n’a ici affaire qu’à des souvenirs : « L’image du Juif comme l’ennemi religieux par excellence – comme athée, iconoclaste, criminel sacrilège – se révèle être une question non d’expérience, mais de souvenirs, c’est-à-dire le retour des souvenirs refoulés d’Akhenaton » (p. 43).

En d’autres mots, aucun de ces auteurs sur une étendue de cinq siècles n’a jamais vu un Juif faire quelque chose de mal, quelque chose qui confirmerait leur réputation d’être un peuple exceptionnellement haineux et dangereux. Aucun d’entre eux n’avait non plus jeté un œil sur les écritures juives, qui sont un long récit d’intrigues, de crimes, et de haines amoureusement entretenues et luxueusement atténuées. Non, la seule base historique pour la mauvaise réputation des Juifs était les crimes d’Akhenaton, qui fut oublié par l’histoire et seulement vaguement conservé dans le mythe.

Assmann va jusqu’à suggérer qu’au XIVe siècle de l’ère chrétienne, quand les Juifs furent accusés de subvertir un royaume chrétien au nom du roi musulman de Grenade en s’alliant avec des lépreux, ce n’est pas une bonne raison pour demander : « Qu’est-ce qui se passe avec les Juifs et les lépreux ? ». Non, cela aussi était simplement l’écho distant des crimes d’Akhenaton (p. 44).

Le fait qu’Assmann se sente obligé de trouver des excuses aussi risibles aux anciens Juifs est bien sûr la preuve que nous vivons encore sous l’ombre de la haine et de l’intolérance juives aujourd’hui.

Assmann change ensuite de sujet et passe au cosmothéisme antique. Quand les anciens polythéistes rencontraient d’autres religions, ils ne les regardaient pas comme fausses simplement parce qu’elles différaient de la leur. Au contraire, ils cherchaient à établir des correspondances entre les différentes religions, permettant une « traduction » et une compréhension mutuelles.

Mais de même que les langues sont mutuellement traduisibles parce qu’elles se référent à une réalité commune, les anciens polythéistes pouvaient établir un lien entre les religions seulement par la supposition que celles-ci étaient des manières différentes de se référer à un ordre divin commun.

  1. Des religions différentes peuvent être attachées à des peuples différents, mais l’ordre divin est absolu.
  2. Les différentes religions sont nombreuses, mais l’ordre divin est un.
  3. Puisque les noms divins sont nombreux et relatifs, l’absolu est au-delà de tous les noms.
  4. Puisque toutes les formes de manifestation sont relatives, l’absolu est caché.

Comment l’absolu caché est-il lié au monde de la manifestation ? Il est sa cause et son créateur – pas un créateur transcendant, comme le Dieu juif, mais un créateur immanent qui occupe, imprègne et soutient le monde de la pluralité comme l’âme le fait avec le corps. Dieu est ainsi à la fois un et tout – en grec « hen kai pan ». Ainsi le tout peut être nommé « dieu ou la nature » – en latin « deus sive natura » – selon qu’on se focalise sur son aspect caché, créatif, absolu et unitaire (dieu), ou sur son aspect manifeste, créé, relatif et divers (la nature).

Assmann donne deux exemples de la vision cosmothéiste dans l’antiquité tardive.

D’abord, il y a la prière de Lucius à Isis dans le livre 11 de l’Âne d’Or d’Apulée [6] et la réponse de la déesse, où tous deux énumèrent les noms par lesquels la Reine du Ciel est appelée par les différents peuples du monde. Mais elle affirme que son « vrai nom » (verum nomen) est Isis, s’arrêtant ainsi juste avant un « un » innommable – qui serait aussi, bien sûr, au-delà de la distinction entre dieu et déesse. Bien qu’Apulée présente le culte d’Isis syncrétique de l’antiquité tardive, Assmann montre à nouveau qu’un tel syncrétisme a d’authentiques sources égyptiennes, citant utilement un texte égyptien du Ve siècle avant l’ère chrétienne, c’est-à-dire avant la conquête macédonienne.

Le second exemple est l’idée de l’Antiquité tardive de l’« Etre Suprême », qui englobe tous les êtres divins mais qui est le plus souvent appelé par les noms des différentes déités souveraines, principalement Zeus, Sérapis, Hélios… et Yahvé (Iao). Ce geste œcuménique envers le Dieu juif, bien sûr, ne fut pas rendu par les Juifs, qui le perçurent à juste titre comme une négation indirecte de l’une des caractéristiques essentielles de Yahvé, à savoir sa prétention à être le seul vrai Dieu. Ainsi l’Etre Suprême syncrétique n’était Yahvé que de nom.

Bien que les idées cosmothéistes soient principalement connues par des textes de l’antiquité tardive gréco-romaine, Assmann montre qu’elles sont une transmission exacte d’idées égyptiennes beaucoup plus anciennes. Sous la forme du Corpus Hermeticum, elles revinrent en Europe au XVe siècle avec les écrits de Platon, contribuant à provoquer la Renaissance. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elles furent associées au déisme et au panthéisme de Baruch Spinoza et eurent une immense influence sur les Lumières et le Romantisme.

Il est étrange qu’Assmann fasse suivre son résumé des anciens récits de l’exode par une discussion du cosmothéisme. Pourquoi ces sujets sont-ils placés dans le même chapitre ? A la fin du chapitre, cependant, Assmann explique qu’une compréhension du cosmothéisme donne de très bonnes raisons de comprendre pourquoi « le pouvoir antagoniste des contre-religions comme le judaïsme et le christianisme indignait tant les intellectuels païens » (p. 54).

Le monothéisme était regardé avec horreur parce qu’il frappe à la racine des plus grands accomplissements intellectuels et politiques de l’antiquité païenne : le cosmothéisme et ses implications pratiques, c’est-à-dire le pluralisme religieux et la loi internationale.

Parce que les différentes religions se réfèrent toutes au même ordre divin, toutes peuvent être respectées. Elles sont toutes vraies, dans la mesure où elles se réfèrent à la même vérité. Elles se réfèrent simplement à la même vérité par des manières différentes, de même que des langues différentes utilisent des mots différents pour désigner les mêmes réalités. Ces manières différentes d’approcher la réalité divine ne sont pas, cependant, « simplement humaines ». Elles aussi sont des expressions de la créativité divine, s’accommodant de la pluralité de différents peuples et types – qui sont aussi des expressions de la créativité divine. Ainsi les Anciens ne « toléraient » (subissaient) pas simplement le pluralisme religieux comme un mal nécessaire. Ils pouvaient l’accepter comme un bien positif.

Les principales implications pratiques de l‘ancien cosmothéisme sont la tolérance religieuse et la loi internationale, puisque l’idée d’un ordre divin commun peut unir et harmoniser les peuples même si des religions et des nations différentes les divisent et les opposent. Le monothéisme biblique, par contre, nie la véracité des autres religions et cherche à les supprimer. Et puisque le monothéisme biblique ne reconnaît pas d’ordre divin commun soutenant toutes les religions, il ne peut pas faire appel à cet ordre comme fondement des accords internationaux. Bien sûr, cet ordre n’est pas le seul fondement possible pour de tels accords, mais il aida certainement des peuples différents à établir des relations amicales dans une époque de guerres et de conflits presque universaux. Cet ordre divin n’est pas, par exemple, le même que l’idée de loi naturelle ou de droit naturel, mais ils sont analogues. Pour l’islam, qui ne reconnaît pas les idées du droit naturel, la paix ne peut venir que par la soumission à la loi islamique (conversion ou dhimmitude).

Ainsi, après avoir blâmé Akhenaton et absout les Juifs pour l’antisémitisme, Assmann explique pourquoi les anciens polythéistes avaient de bonnes raisons de craindre le monothéisme biblique. C’est un motif habituel chez Assmann : il désavoue catégoriquement les conclusions sémitiquement incorrectes tout en rassemblant froidement des arguments hermétiques allant dans ce sens.