Soumission de Michel Houellebecq

Submission [1]3,815 words

English original here [2]

Michel Houellebecq
Submission: A Novel [3]
Trans. Lorin Stein
London: Heinemann, 2015

Michel Houellebecq est l’un des meilleurs romanciers vivants aujourd’hui. Son roman le plus récent, Soumission, est maintenant sorti en anglais. Il confirme mon soupçon de longue date que Houellebecq est un homme de droite, qu’il l’admette ou pas devant nous, ou même devant lui-même. 

Houellebecq est depuis longtemps l’un des critiques les plus sauvages de la décadence et du jargon libéraux. Mais Soumission révèle qu’il est aussi un étudiant de la littérature d’extrême-droite, montrant une large familiarité avec la démographie, l’eugénisme, le Traditionalisme, le nationalisme européen, le distributisme, la race biologique et les différences sexuelles, l’identitarisme (qu’il appelle « Indigénisme Européen » dans le livre), et les critiques de l’islam.

soumission1 [4]Soumission (une traduction de « Islam ») raconte une prise de pouvoir musulmane en France en 2022. Le Front National et un parti fictionnel de la Fraternité Musulmane partent favoris pour les élections législatives françaises. Le jour des élections, ils arrivent à égalité. Des urnes électorales sont volées, invalidant tout le vote. Un autre vote est prévu pour le dimanche suivant, mais entretemps, les partis conservateur et socialiste rejoignent les musulmans dans un « Front Républicain » pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir. Dès qu’il est installé, la Fraternité Musulmane institue des réformes politiques éducationnelles, économiques et étrangères complètes, conçues pour rendre l’hégémonie musulmane permanente. La Belgique est la prochaine à tomber, mais toute l’Europe est condamnée du fait de l’intégration politique et économique du monde musulman dans l’Union Européenne.

Le scénario de Houellebecq est hautement improbable, du moins dans le cadre temporel qu’il définit. Mais le manque de réalisme n’empêche pas la science-fiction d’être un miroir instructif pour la société moderne, et la même chose est vraie de Soumission, qui parle moins de l’islam que des faiblesses de la France moderne – et de ses prétendus défenseurs de la droite radicale – qui la rendent vulnérable à une prise du pouvoir musulmane. Bien que des millions de gens liront ce livre, je crois que le lectorat vraiment ciblé est celui des intellectuels et des activistes de la droite nationaliste. Houellebecq veut que nous réussissions. Il veut que nous sauvions la civilisation occidentale. Mais il ne pense pas que nous soyons à la hauteur de la tâche, donc il offre quelques sages conseils.

La fin de la démocratie

German [5]La première leçon de Soumission concerne le processus politique. La gauche et le centre-droit sont tous deux décidés à dissoudre la France dans l’Europe et ensuite dans l’« humanité » mondiale. Ils sont plus opposés au nationalisme français qu’à l’islam, même si l’islam représente une répudiation de leurs valeurs libérales et républicaines. Ils haïssent le Front National, et la nation qu’il représente, plus qu’ils ne s’aiment eux-mêmes ainsi que leurs valeurs. Par conséquent, par dépit suicidaire, ils seraient prêts à livrer la France à un régime musulman.

Mais la gauche et le centre-droit ne se réveilleraient-ils pas finalement et ne résisteraient-ils pas quand les musulmans commenceraient à mettre en œuvre leur programme ? Houellebecq ne le pense pas. La gauche serait incapable de protester parce que l’islam est un « Autre » non-européen et non-blanc sacré, et la droite serait incapable de protester parce qu’elle est composée de couards bourgeois qui suivent la gauche. Le fait que les deux groupes craignent la violence musulmane n’arrange rien (aucun d’eux ne craint la violence de droite, cependant).

Mais si la démocratie libérale est une comédie sordide et pusillanime qui est prête à livrer la nation et à se livrer elle-même à la destruction, alors pourquoi le Front National est-il apparemment respectueux de la légitimité démocratique ? Mettre un parti musulman au pouvoir n’est pas de la politique habituelle, où le pouvoir circule entre différentes branches de la même élite. C’est l’émergence d’une nouvelle élite avec un programme révolutionnaire radical. L’islam vise à un changement irréversible, c’est pourquoi il punit de mort l’apostasie. Ce n’est pas seulement une tendance de la démocratie libérale qui peut être installée par une colère mineure des électeurs, et ensuite inversée par un caprice lors des élections suivantes.

Si c’est ainsi que la démocratie finit, alors pourquoi la droite n’est-elle pas prête à mettre fin à la démocratie pour sauver la nation ? Houellebecq établit un scénario dans lequel la seule chance de salut de la France serait une révolution de droite ou un coup d’état militaire, suivi(e) d’un nettoyage ethnique massif et d’une épuration des classes dirigeantes, incluant « les soixante-huitards, dont les cadavres progressistes momifiés – disparus dans le monde environnant – ont réussi à s’accrocher aux citadelles des médias, maudissant toujours les maux de l’époque et l’atmosphère toxique du pays » (p. 126).

Il va sans dire que les musulmans sont prêts à tuer et à mourir pour arriver à leurs fins, mais la droite, apparemment, ne l’est pas. Dans Soumission, comme dans Le Camp des Saints de Jean Raspail, même les Français les plus martiaux et les plus patriotes sont si pourris par le jargon et la couardise humanitaires qu’ils laissent détruire leur pays plutôt que d’utiliser la force pour le préserver. Je refuse de croire que la droite française soit aussi décadente et que Marine Le Pen ou son successeur permettraient à une grande nation ayant une vénérable tradition de révolutions, de coups d’état et de dictatures de périr par un excès de sportivité snob et conservatrice [cuckservative].

Pourquoi les jeunes droitistes n’entrent-ils pas dans l’armée et la police françaises ? Pourquoi ne créent-ils pas des sociétés de sécurité privées ? Si rien de tout cela n’était venu à l’esprit des dirigeants du Front National et des Identitaires, maintenant c’est fait. Si c’est le cas, peut-être qu’on se souviendra un jour de Houellebecq comme du Rousseau de la prochaine (et dernière) Révolution Française.

The best cover is the Hungarian translation [6]

La meilleure couverture est celle de l’édition hongroise

Légitimité post-démocratique

La leçon suivante de Soumission concerne la manière de légitimer une société post-démocratique. Et ne vous y trompez pas : même si la forme des élections pourrait être maintenue, la Fraternité Musulmane ne se laisserait jamais chasser du pouvoir par des élections. Spécifiquement, comme la Fraternité Musulmane neutraliserait-elle ses ennemis les plus résolus à l’extrême-droite, les catholiques traditionalistes, les Identitaires, et le Front National ? Simple : en instituant les réformes qu’ils désiraient tous depuis longtemps.

La Fraternité Musulmane n’est pas pressée d’imposer la charia. Les Français ne combattraient peut-être pas pour la nation et la liberté, mais ils combattraient pour l’alcool et les cigarettes. Les chrétiens et les juifs ne seront pas persécutés. Les musulmans comprennent que l’avenir appartient à la population qui fait le plus d’enfants et qui leur transmet ses valeurs. La population française native est en déclin rapide. Dans quelques générations, elle sera presque éteinte, et ceux qui resteront seront impuissants à résister à la charia. Donc tout ce que la Fraternité Musulmane a à faire, c’est d’attendre.

Entretemps, ils se contentent de réformer le système éducatif, l’un des bastions de la gauche. Les musulmans se voient offrir le choix d’une éducation complètement musulmane. La coéducation est abolie. Les enseignantes sont mises à la retraite. La scolarité est obligatoire seulement jusqu’à l’âge de 12 ans. L’enseignement professionnel et l’apprentissage sont encouragés. L’éducation supérieure est privatisée. Les universités publiques sont islamisées à grands coups de pétrodollars. Les professeurs non-musulmans et toutes les femmes professeurs sont mis en préretraite avec pension.

Dans le domaine économique, la Fraternité Musulmane élimine le chômage en incitant les femmes à quitter le marché du travail et à revenir à la vie de famille. Les petites entreprises familiales sont encouragées par l’adoption de politiques distributistes catholiques. Les dépenses d’aide sociale sont réduites spectaculairement, obligeant les gens à travailler durant les temps faciles et à dépendre de leur famille et de leur communauté religieuse durant les temps difficiles.

Dans le domaine social, la famille patriarcale est rétablie comme la norme. Les femmes sont encouragées à avoir une famille plutôt qu’à faire carrière. La modestie sexuelle dans le vêtement, le comportement, la publicité et la culture populaire est rapidement adoptée. Oh, et les hommes musulmans sont autorisés à avoir jusqu’à quatre femmes.

La criminalité, qui est principalement la criminalité musulmane au début, tombe en flèche,  peut-être parce qu’ils ont maintenant le sentiment que la France est vraiment leur pays et qu’ils ne veulent plus la souiller.

Maintenant, cher lecteur, posez-vous la question : n’aimeriez-vous pas vous vautrer dans la Schadenfreude [= joie haineuse] pour voir les intellectuels de gauche, les féministes et les parasites de l’aide sociale obtenir ce qu’ils méritent ? Ne vous réjouiriez-vous pas devant de telles réformes en faveur de la famille ? Et c’est tout le problème.

Sur le long terme, sous la domination musulmane, la France disparaîtra, et la seule force qui pourrait empêcher cela est l’extrême-droite. Mais l’extrême-droite, comme tout autre groupe social, a une majorité de gens à la vue courte et une minorité de gens à la vue longue. Ceux qui ont la vue longue ne peuvent mobiliser ceux qui ont la vue courte que sur leurs mécontentements actuels. Supprimez les sources de mécontentement, et l’électorat d’extrême-droite sera de plus en plus satisfait. Et sans partisans, les dirigeants seront impuissants.

L’extrême-droite est aussi une coalition de gens avec des désirs très variés. Seule une minorité est composée de véritables nationalistes raciaux qui comprennent que pour être Français, il faut être blanc. Un Noir peut être citoyen français, parler français, manger de la nourriture française, et être catholique romain. Donc la citoyenneté, la langue, la culture et la religion ne sont pas essentiels pour être Français. Mais le fait d’être blanc l’est.

Beaucoup de gens de droite ne comprennent pas cela, cependant. Ce sont des antimodernistes et des réactionnaires sommaires ; des traditionalistes avec un petit ou un grand « T » ; des antiféministes, des masculinistes, et des « hommes qui suivent leur propre voie » ; ou des dévots de religions mortes ou mourantes et de dynasties déposées. Des nostalgies aussi vagues et aussi anachroniques ne seront jamais pleinement satisfaites de toute manière. Il n’y aura jamais un autre Clovis pour rechristianiser la France. Donc beaucoup de ces gens seraient très heureux de vivre sous un régime musulman modéré qui serait traditionnel, patriarcal, hiérarchique, et qui fera appel à des valeurs transcendantes.

Après tout, nous avons une abondance d’indications que des droitistes impuissants seraient prêts à accepter de vagues approximations de leurs valeurs et étoufferaient leurs réserves, tant que l’approximation est mieux organisée et plus active que la droite, ce qui n’est pas difficile. Ainsi en Amérique, j’ai vu de véritables nationaux-socialistes se transformer en fervents supporters de Ron Paul, de Vladimir Poutine, d’Alexandre Dugin, du catholicisme, du  christianisme orthodoxe, du Traditionalisme – de n’importe quoi, en fait, tant que cela semble être une opposition sérieuse et bien organisée à l’establishment existant. Vous savez très bien ce que feraient ces faibles roseaux s’ils étaient confrontés à un véritable régime musulman. Après tout, s’opposer à l’islam serait « anti-traditionnel ».

Il y a ici de nombreuses leçons à tirer pour les Nationalistes Blancs. Premièrement, ne laissons jamais un régime musulman arriver au pouvoir. Au contraire, empêchons cela – et gagnons le pouvoir pour nous-mêmes – par tous les moyens nécessaires. Deuxièmement, nous devons travailler inlassablement pour faire comprendre aux gens de notre peuple l’importance suprême de la race et ne pas tomber dans des approximations et des demi-mesures. Troisièmement, dès que nous aurons le pouvoir, nous ne devrons pas nous presser. Tout ce que nous avons à faire, c’est de nous accrocher au pouvoir – ce qui signifie reporter les réformes les plus radicales à une date ultérieure – et nous contenter de mettre en mouvement les processus sociaux qui conduiront à long terme au genre de société que nous voulons. Concentrons-nous sur l’éducation et la famille. Soyons bienveillants envers les travailleurs et les petites entreprises. Encourageons la population blanche à s’accroître et la population non-blanche à émigrer [7]. Assurons la prospérité, la sécurité et la paix à nos électeurs. Et ensuite attendons.

La question juive

Maintenant vous vous demandez peut-être quelle est la place des Juifs dans tout cela. Comme Guillaume Durocher le remarque [8], Houellebecq fait allusion à l’importance du pouvoir juif, mais dans son récit les Juifs n’entreprennent aucune action. Ils commencent simplement à se débiner à Jérusalem quand la Fraternité Musulmane arrive au pouvoir. En France aujourd’hui, cependant, les Juifs sont une formidable force politique, et les musulmans sont bien plus faibles que leur nombre le laisserait croire. En fait, les Juifs ont joué un rôle dominant pour encourager l’immigration musulmane et donner du pouvoir aux musulmans, et pour stigmatiser la résistance française. Peut-être Houellebecq pense-t-il que l’islam se révélera être un autre Golem qui se retournera contre ses maîtres juifs. Peut-être souhaite-t-il se concentrer spécifiquement sur la susceptibilité des Français à la domination musulmane. Ou peut-être pense-t-il que les Juifs peuvent être persuadés de changer de camp, ce qui me paraît  être extrêmement naïf [9].

Capitulation et collaboration 

Michel Houellebecq [10]

Michel Houellebecq

La leçon suivante de Soumission concerne la psychologie de la capitulation et de la collaboration. Le personnage principal de Soumission est François, 44 ans, professeur de littérature française du XIXe siècle à Paris (c’est un spécialiste de Joris-Karl Huysmans). François est un enfant unique (bien sûr), rejeton de deux baby-boomers égoïstes (divorcés, bien sûr) du genre que Houellebecq massacre si magistralement dans ses autres livres. Il n’a pas eu de contact avec ses parents depuis des années, et il apprend leur mort seulement après les faits.

François est obsédé par le sexe (bien sûr, puisque c’est un roman de Houellebecq). Il ne s’est jamais marié (bien sûr). Au contraire, il a une série de relations éphémères avec de jeunes étudiantes, qui semblent toujours être les premières à rompre (bien sûr), peut-être pour montrer à quel point elles sont fortes.

La vie intellectuelle de François est aussi vide que sa vie personnelle. Auteur d’une thèse brillante, il a publié un livre, été promu professeur titulaire, et passe maintenant son temps à faire de la petite politique universitaire.

Bien qu’il étudie la littérature française, François connait très peu de choses sur la France. Il semble complètement coupé de tout sens de l’identité nationale. Laissé à ses propres moyens, il ne mange que de la nourriture orientale, moyenne-orientale et indienne, généralement du genre congelée ou à emporter (réfléchissez à cela une minute. Comment un Français qui se respecte pourrait-il manger de la chawarma ?). Il vit dans le Chinatown de Paris. Il est jaloux de l’identité tribale de sa future-ex-petite-amie juive, remarquant avec regret : « Il n’y a pas d’Israël pour moi » (oui, mais la faute à qui ?).

François est aussi un fumeur à la chaîne et un alcoolique invétéré, bien que cela le distingue difficilement des autres hommes européens aujourd’hui.

Désespérément malheureux, François tente de suivre la voie de Huysmans dans l’Eglise catholique, espérant que cela donnera un sens tout fait et englobant-tout à sa vie. Mais il n’y parvient pas. Devant un autel, il a une expérience quasi-mystique, mais il interprète cela comme de l’hypoglycémie. Lors d’une autre tentative, dans un monastère, il s’enfuit après trois jours dans le froid, la discipline, les privations et la sociabilité forcée, et retourne à sa solitude, à son cynisme et à ses cigarettes. Le christianisme demande un engagement sincère, que François ne peut donner, et il offre très peu de confort matériel, qu’il ne peut abandonner.

Naturellement, l’égocentrisme complet de François est associé à une grande passivité politique. Il prête à peine attention à la politique jusqu’à ce que son pays lui soit arraché, et ensuite il ne fait absolument rien pour combattre cela. Lorsqu’il entend parler de la possibilité d’une guerre civile, il se demande simplement si le déluge peut être retardé jusqu’après sa mort. L’idée même de combattre ou de mourir pour la France ne traverserait jamais son esprit. Mais les hommes qui ne se soucient de rien de plus élevé que le confort et la sécurité, aussi habiles et civilisés qu’ils puissent être, ne sont pas de taille face à des hommes qui sont prêts à tuer ou à mourir pour des valeurs supérieures, aussi stupides et primitifs qu’ils puissent être.

Après la prise de pouvoir musulmane, François est contraint à une préretraite avec pension. Mais ensuite il est lentement rembobiné par Robert Rediger, le converti à l’islam d’origine belge qui est nommé à la tête du système éducatif. D’abord, à l’instigation de Rediger, François est invité à superviser une édition de Huysmans pour le prestigieux éditeur français La Pléiade. Puis Rediger l’invite à une réception, où ils se rencontrent. A la réception, Rediger invite François à venir chez lui pour une conversation, où Rediger lui révèle qu’il recrute des universitaires de l’ancien système pour la nouvelle Université Islamique de Paris-Sorbonne. Tout ce que François a besoin de faire est de se convertir à l’islam, ce qu’il fait.

Pourquoi François se convertit-il à l’islam plutôt qu’au catholicisme ? Une raison est que le christianisme est une religion féminine qui inspire du mépris, et que l’islam est une religion masculine qui inspire de l’admiration. Mais la principale raison semble être les avantages divers. Le christianisme lui offrait l’extase et le renoncement. L’islam lui offre l’affirmation de soi et l’avancement matériel : un emploi à la Sorbonne, un salaire très élevé, une maison dans un quartier à la mode de Paris, et le plus important, un remède à sa frustration sexuelle et à sa solitude. Rediger lui offre trois femmes, pour les débutants : de jeunes filles musulmanes nubiles et soumises pour partager son lit et porter ses enfants.

Pourquoi Houellebecq centre-t-il son récit sur un universitaire ? Parce que son roman est une expérimentation réfléchie. Le monde universitaire est le bastion de la gauche, qui est encore la force métapolitique la plus importante dans notre société, et si l’islam peut briser sa résistance, il peut briser n’importe quoi d’autre. Houellebecq comprend que les universitaires masculins sont presque tous des mauviettes, des abrutis et des ploucs sexuellement frustrés : des mâles beta opprimés par des fortes femmes dans leurs vies professionnelles et personnelles. Il pense qu’ils feraient bon accueil à un régime qui impose la modestie dans le vêtement et la publicité, afin qu’ils ne soient pas constamment tourmentés par des pensées sexuelles ; un régime qui restaure la domination masculine sur les lieux de travail et dans la chambre à coucher ; un régime qui réprime le féminisme et qui encourage la soumission féminine. Etre marié à quatre femmes occidentales modernes ressemble à l’enfer sur terre, mais l’islam peut rendre la polygamie tout à fait praticable. Houellebecq soutient quelque chose que je soupçonne depuis longtemps : les religions fondamentalistes séduisent les mâles beta comme un moyen de contrôler les femmes (« Jésus veut que tu me fasse un sandwich, ma chérie »).

La polygamie, bien sûr, n’est pas la voie des Blancs. Mais les droitistes doivent prendre note. Le féminisme est probablement la plus grande source de misère pour les hommes, les femmes et spécialement les enfants aujourd’hui. Le Nationalisme Blanc se préoccupe avant tout de restaurer l’intégrité biologique de la race. Cela ne veut pas seulement dire créer des espaces de vie blancs homogènes pour la reproduction et l’éducation de notre race, mais aussi restaurer les rôles sexuels traditionnels (et biologiques) : les hommes comme protecteurs et pourvoyeurs, les femmes comme mères et éducatrices. Si nous pouvons promettre de restaurer des familles stables et aimantes et des communautés homogènes avec un niveau de confiance élevé, nous pouvons assécher les marais dans lesquels les gauchistes prospèrent. Après tout, combien de gauchistes connaissez-vous qui sont solitaires, dysfonctionnels, des produits socialement aliénés de familles et de communautés brisées ?

Prenez garde aux traditionalistes

Muslimprotest [11]Le personnage le plus intéressant dans Soumission est Robert Rediger, le ministre de l’Education puis des Affaires Etrangères du nouveau régime. C’est un maître de la persuasion qui sait que les universitaires souffrent avant tout de frustration sexuelle et d’une vanité injustifiée. C’est un maître de l’apologétique religieuse, ce qui signifie qu’il est un menteur excessivement habile. Il affirme que le Coran est un grand poème d’éloge de la création, alors qu’il est plus proche du gangsta rap pour la poésie tout comme pour l’instruction. Il affirme que la polygamie est eugénique, ce qui pourrait être vrai si les musulmans n’épousaient pas des gens de race noire et leurs proches cousins.

Rediger est un homme robuste et masculin, ce qui en fait un universitaire inhabituel. Mais cela n’est pas surprenant quand nous lisons son histoire. Alors qu’il était jeune homme en Belgique, Rediger était un ardent nationaliste de droite. Mais il ne fut jamais un raciste ou un fasciste, savez-vous. Seulement un antimoderniste réactionnaire sommaire qui écrivit une thèse sur Nietzsche et René Guénon, des penseurs antimodernistes avec des prémisses radicalement incompatibles. Mais cela n’empêche pas Rediger de passer d’une perspective à l’autre quand cela lui convient. Nietzsche détruisit le christianisme pour Rediger, et Guénon lui offrit une voie menant à l’islam, une religion qu’il voit comme plus compatible avec des impulsions masculines et vitalistes.

La leçon est ici évidente : si l’intégrité raciale n’est pas la valeur suprême, alors le Traditionalisme est un vecteur d’islamisation. Une démythification du Traditionalisme est depuis longtemps dans mes projets, et Houellebecq m’a convaincu d’avancer l’horaire. Une telle argumentation a deux dents. Premièrement, comme je l’ai dit dans ma recension du livre de Jan Assmann, Moïse l’Egyptien [12], la thèse traditionaliste de l’unité transcendante des religions est en réalité hérétique d’après les religions abrahamiques, le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui  rejettent toutes les autres religions comme fausses. Deuxièmement, les Traditionalistes sont bien conscients de ce problème. Donc leur affirmation selon laquelle les religions abrahamiques seraient compatibles avec le Traditionalisme est simplement une tentative pour pousser leurs adhérents à tolérer le paganisme ésotérique (affirmer cette thèse nécessiterait une lecture du livre d’Ibn Tufayl Hayy Ibn Yaqzan [13] et de ceux de Guénon Initiation et réalisation spirituelle [14] et Aperçus sur l’initiation [15]).

Il n’y a pas d’Allah, et Mahomet n’a pas été son prophète. Par conséquent, le pouvoir que peut posséder l’islam est enraciné dans la nature. S’il y a une leçon suprême dans Soumission, c’est que si notre civilisation cesse d’être en harmonie avec la nature et cesse de transmettre ses gènes et ses valeurs, elle sera remplacée par une civilisation – même arriérée et primitive – qui sera capable de le faire. Et l’homme européen disparaîtra sous une marée d’Hommes des Sables sauvages et au rythme de reproduction rapide.

La gauche et le centre-droit sont déférents envers l’islam parce qu’ils sont décadents et dévitalisés. Ils sentent sa plus grande vitalité, incluant son potentiel de violence. Ces gens veulent être subjugués, parce qu’aucune tyrannie n’est pire que le sort de l’individu atomisé flottant dans le vide de la modernité consumériste libérale. La démocratie libérale et le capitalisme satisfont tous les besoins humains, sauf croire, appartenir, et obéir. Si notre race doit être sauvée, alors les Nationalistes Blancs doivent ramener nos sociétés dans l’harmonie avec la nature. Les Blancs doivent être forcés de se soumettre à leur propre nature, ou nous finirons par nous soumettre aux étrangers. Et pour faire cela, les Nationalistes Blancs doivent devenir une force encore plus formidablement vitale – et intimidante – que l’islam. Il est clair que nous avons du travail devant nous.